BÉNÉVOLAT : L’engagement, le chemin d’une vie…
La Maison des Associations d’Amiens Métropole (MAAM) a publié en janvier dernier des données sur l’engagement bénévole dans l’agglomération. Pour évoquer la situation, nous sommes allés à la rencontre de Faustine Bligny, chargée de projets jeunesse, numérique et engagement à la MAAM.
Voilà près de 8 années que Faustine a posé ses valises à la MAAM. Arrivée en tant que chargée de projets pour développer la plateforme de formation en ligne EVA, l’Amiénoise a vu son poste évoluer avec une petite partie axée sur la jeunesse et le numérique et l’autre sur l’engagement.
Faustine Bligny se définit comme « un pur produit de la vie associative. » Engagée vers ses 17 ans dans des associations d’éducation populaire, notamment au sein de Concordia, elle a poursuivi son engagement au sein de GAS ou encore de l’Amiens Roller Derby. Elle s’est formée sur le tas, grâce au bénévolat et au volontariat. Un investissement qui a perduré dans le temps jusqu’à ce qu’elle en fasse son métier.
Quand la MAAM mène l’enquête
L’enquête sur « le bénévolat associatif en région » impulsée par le Mouvement associatif Hauts-de-France et portée par l’Observatoire Régional de la Vie Associative, a permis à la MAAM de faire un bref état des lieux au niveau local. Si le nombre d’associations répondantes (105 sur les 3400 associations actives dans la métropole amiénoise) peut paraître faible, il n’empêche que les éléments mis en exergue sont représentatifs de la situation des structures du territoire.
D’ailleurs, même si ce n’est pas son rôle premier que de mener ce type d’enquêtes, « la MAAM a besoin de ces données pour agir pour et avec les associations, afin d’adapter son accompagnement et de permettre aux asso’ de savoir dans quelle situation elles évoluent aujourd’hui » note la chargée de projets. C’est pourquoi la MAAM a souhaité s’appuyer dessus avant de lancer l’année prochaine son Observatoire Local de la Vie Associative, comme tous les 4 ans.
Lever les freins et embrayer !
Si le nombre de bénévoles est en baisse et l’investissement ponctuel privilégié, il faut aussi dire que les freins à l’engagement se révèlent nombreux. S’engager demande du temps et à titre d’exemple, la part consacrée à l’administratif est le premier obstacle à la prise de responsabilités. « On en oublie presque que les associations ont à la base un projet associatif et qu’elles ont la volonté d’y répondre. Les bénévoles sont happés par l’ampleur de l’administratif », constate régulièrement Faustine.
Il y a aussi la peur de ne pas savoir ou de mal faire, c’est pourquoi la MAAM agit « par le biais de l’accompagnement et des formations. Mais cela demande encore du temps aux bénévoles » précise Faustine.
Aussi, tout comme Rome ne s’est pas construite en un jour, Faustine souligne que s’engager sur un poste à responsabilités dans la vie associative, prend du temps : « Il y a une forme de cheminement dans l’engagement, on ne devient pas président du jour au lendemain en intégrant une association. Nous, on est justement là pour accompagner ».
L’engagement, un tremplin vers la professionnalisation pour les jeunes
Par ailleurs, comme en attestent les enquêtes nationales, Faustine Bligny évoque le bénévolat et l’engagement comme apports de connaissances et de compétences : « On le voit avec l’évolution de la valorisation de l’engagement dans les universités et récemment, avec tout ce qui est intégration de la vie associative dans l’Éducation nationale. »
Et justement, aujourd’hui le constat est fait que l’engagement chez les jeunes a évolué. Il y a désormais « un besoin d’attester de ce qu’on fait, du temps qu’on donne pour avoir cette forme de reconnaissance ou certification » précise Faustine. Une évolution qui peut amener du changement dans les formes d’engagement de ce jeune public. Au niveau local, les répondants à l’enquête sont friands de cet investissement des plus jeunes, estimant qu’ils apportent des idées nouvelles ainsi que de nouveaux projets, mais qu’ils ne s’impliquent pas encore assez dans la gouvernance associative ou dans les actions de la structure.
Ce qui nous a fait tilt, c’est la valorisation des compétences acquises par le bénévolat qui sont de plus en plus sur la table
Si les résultats de l’enquête viennent confirmer le bien-fondé des actions mises en place par la MAAM, cela ne l’empêche pas d’amorcer des changements : « On savait que la communication avait un gros impact sur l’engagement et pouvait être un gros besoin. On a pas mal de formations autour de la com’ aujourd’hui, mais ce qui nous a fait tilt, c’est la valorisation des compétences acquises par le bénévolat qui sont de plus en plus sur la table » précise Faustine.
L’association a, en ce sens, procédé au recrutement d’une chargée de projets dédiée à l’engagement qui fera son arrivée prochainement. Un renfort qui permettra d’aller plus loin : nouveaux dispositifs, événements, formations… La MAAM est aussi sur un projet expérimental, qui vise à développer les open badges*, via la plateforme de formation en ligne « EVA ».
Des actions toujours au plus près des associations, des dirigeants, des bénévoles, qui font de la MAAM la pierre angulaire du maillage associatif sur notre territoire et du développement des associations. En termes d’engagement, si Faustine Bligny pouvait donner un conseil, « ce serait d’amener les bénévoles à communiquer sur la réalité du fonctionnement auprès de leurs adhérents. Leur permettre de savoir qui gère quoi et faire comprendre que c’est du temps gratuit qui est donné. Ça permet aux adhérents de savoir et leur donne envie de s’engager ». Alors intéressons-nous et engageons-nous !
Retrouvez les résultats de l’enquête sur l’engagement associatif sur la métropole amiénoise
Dorine Cocagne
Crédit photos : Kevin Devigne – Gazette Sports et Florent Velain – Maison des Associations Amiens Métropole (Une)
*Open badges : Forme de certification qui permet de valoriser des compétences associatives