MIXITE : Le golf féminin fait son trou

Perçu comme un sport majoritairement masculin, le golf se féminise au fil des années. Immersion dans le Golf Club d’Amiens, où l’équipe féminine s’est maintenue en 2ème division, à domicile, le 21 mai dernier.

« Gentleman Only Ladies Forbidden« . Même si l’origine du mot golf reste inconnue, certaines personnes ont esquissé l’idée de cet acronyme. Car historiquement, le golf est perçu comme un sport masculin, avec des clubs et des parcours qui excluaient souvent les femmes. Cependant, au cours des dernières décennies, de nombreux pays ont adopté des politiques intégrant la participation des femmes au golf. La France en fait partie. Au fil des années, les efforts visant à promouvoir la mixité dans le golf se sont intensifiés, permettant ainsi une plus grande égalité des sexes dans le sport.

En 2022, dans l’Hexagone, les femmes représentaient 27% du nombre total de licenciés. Un pourcentage qui stagne depuis plusieurs années maintenant. Mais certains clubs, comme celui d’Amiens, ont créé une école de golf avec des groupes exclusivement féminins. Des tournois et des compétitions spécifiquement destinés aux femmes ont également été créés pour leur offrir une plateforme où elles peuvent développer leurs compétences et se faire remarquer, comme le confirme Etienne Marquette, directeur de l’association : « On va commencer à en recréer dans les prochains mois pour vraiment remettre une dynamique avec le golf féminin. Ça c’est vraiment une action. Après, la réception des championnats de France, cela fait partie aussi de ça. Ca donne envie, on voit les jeunes filles qui regardent et qui suivent et c’est ça qui va donner envie à d’autres de jouer et puis d’arriver à ce niveau là bientôt« .

Le nombre de licenciées dans la formation samarienne représente un tiers du total, et continue de progresser, grâce notamment à l’école de golf. Le dirigeant picard souhaiterait atteindre les 40%. « Ce serait déjà une très belle progression« , affirme-t-il.

Les femmes pas assez mises en avant

« C’est vraiment compliqué parce que même dans les tournois, on privilégie toujours les horaires des garçons par rapport aux horaires des femmes. On est obligées de se caler entre les deux blocs des garçons. Par exemple, sur une de mes dernières compétitions, j’ai dû attendre 5h30 sur la terrasse pour la remise des prix« , explique Lucile Parola, membre de l’équipe féminine amiénoise. Ce genre d’organisation reste tout de même rare aujourd’hui. Même si les derniers départs lors des plus grandes compétitions nationales sont majoritairement masculins.

Toutefois, la golfeuse n’a jamais ressenti une quelconque forme de sexisme sur les parcours. La femme de 23 ans souhaiterait « mettre en place des événements uniquement féminins, avec par exemple, une compétition le jour de la journée internationale des droits des femmes, ou des choses dans ce style, pour essayer de mixer un maximum le sport« . Mais également étoffer l’effectif de l’équipe féminine, qui comptabilise 7 joueuses cette saison. Sachant que lors d’une compétition comme les championnats de France, 6 joueuses doivent se présenter sur le parcours. « Je pense que juste le fait que le golf soit reconnu comme un sport pourrait apporter. On dit souvent que le golf est un sport de riches, ou qu’on ne fait pas du sport, qu’on marche juste. Je pense que si on le mixe plus et qu’on le met plus en avant, les gens arrêteront de dire que ce n’est pas un sport et verront réellement ce que c’est« , conclut-elle.

Cependant, malgré les progrès réalisés, il reste encore des défis à surmonter pour atteindre une véritable parité dans le golf. Les disparités de revenus entre les joueurs et les joueuses professionnels, le manque de visibilité médiatique pour les tournois féminins et les préjugés persistants envers les femmes dans le golf restent encore des parties à améliorer. En résumé, la mixité dans le golf progresse, mais figure toujours en deçà des attentes pour rencontrer une égalité parfaite dans ce sport.

Romain Ales
Crédit photo : Kevin Devigne – Gazette Sports