PORTRAIT : Coline Grabinski, un exemple d’abnégation
De retour à l’Amiens Métropole Natation, l’athlète de 33 ans, atteinte d’une paraparésie, rêve en grand. Portrait d’une femme au mental d’acier et à la détermination sans nom.
« J’avais envie d’écrire une nouvelle page dans le sport, auquel je n’avais pas forcément touché en étant valide« . Coline Grabinski, au sourire omniprésent, cache derrière cette façade un parcours de vie semé d’embûches. Un mélange de sensibilité et d’opiniâtreté. Née à Compiègne, la trentenaire est une élève brillante. En parallèle, elle accroche dès son plus jeune âge au monde du sport. Monde que ses parents, éducateur spécialisé et statisticienne, ne connaissaient pas. Du judo à l’escrime, la jeune Coline s’essaie à de nombreuses disciplines. Mais c’est vers la natation et l’équitation que son amour se dirige. « J’ai appris à nager en club, mes parents voulaient que je n’ai pas peur de l’eau. […] Ce rapport avec l’animal, c’est toujours quelque chose qui me fascinait, et le jour où j’ai commencé j’ai su que j’étais passionnée et que je ne lâcherai jamais ça« , explique l’athlète, qui atteint la 7ème place aux championnats de France du concours complet.
S’en suit un diplôme d’ingénieur, qu’elle obtient brillamment. Coline Grabinski poursuit dans le sport universitaire, mais ne s’aligne pas dans les compétitions nationales, afin de se consacrer pleinement à ses études. « Le diplôme, on ne vous le donne pas comme ça. Je me suis beaucoup investie dans mes études, et au moment où j’ai eu mon diplôme, j’ai voulu repartir dans ma carrière sportive« , raconte-t-elle.
D’un accident tragique…
La Compiégnoise décroche un emploi à Amiens. « Je cherchais un nouveau club d’équitation sur Amiens. J’étais avec un cheval d’1,80 m alors que moi j’avais l’habitude de poneys. Tout était nouveau. Ce jour là j’étais bien fatiguée de ma semaine de travail et le cheval était assez compliqué. Vu mon parcours en équitation, les gens pensaient que j’étais en train de sauter 1,30 m ou un tronc d’arbre sur le cross, mais en fait non, j’étais en train de sauter 50 cm à l’échauffement, sauf que le cheval a décidé de ruer très fort et je n’ai pas pu tenir. Mon dos a tapé la clôture, et mes vertèbres se sont fracturées« . Sa vie bascule en une poignée de secondes.
La cavalière est prise rapidement en charge au CHU d’Amiens. Une course contre-la-montre s’enclenche. La moelle est comprimée, et le délai de décompression joue sur le potentiel de récupération. Plus le temps passe, plus les chances de vivre en fauteuil sont fortes. « Ils ont fait un travail de fous pour m’opérer le plus vite possible. J’avais très peu de temps pour réaliser ce qu’il m’arrivait, en même temps il faut prendre les bonnes décisions très rapidement« , avoue la jeune femme, « j’ai pu le faire car j’étais très bien entourée« .
Place ensuite à la période de rééducation. Intégrée dans un centre, la trentenaire se fixe sur chaque petit progrès. « J’avais la chance qu’il se passe quelque chose chaque jour, je redéveloppais une capacité, je retrouvais un muscle. Cette phase-là s’est finalement bien passée, j’ai vécu mon centre de rééducation comme si c’était du sport de haut niveau« , relate-t-elle.
… à des résultats héroïques
Exit le centre de rééducation après un an de travail acharné. Coline Grabinski rencontre Vincent Beaune et Ludovic Mulle, deux kinésithérapeutes, puis Jean-Marc Gossart, coach de course à pied, à qui elle donne toute sa reconnaissance. « Vincent m’a re-projeté vers ce développement que j’étais une sportive et pas handicapée« . Désormais, l’ingénieure se dirige vers une autre épreuve, composée de trois disciplines également, le triathlon. La femme de 33 ans s’engage à l’Amiens Métropole Natation, et s’entraîne aux côtés d’athlètes valides. « Je leur dis que tout va bien se passer« , ajoute-t-elle en riant. La néo triathlète sait que la course à pied est la branche sur laquelle elle rencontrera le plus de difficultés, en raison de sa pathologie.
La jeune femme aime les challenges et ressent une lassitude de la natation. Elle s’engage donc sur des triathlons avec ses amis. Jusqu’à sa première compétition officielle, les championnats de France en 2019, sur un format de 750 mètres de nage, 20 km de vélo et 5 km à pied. « Cela me paraissait énorme et complètement disproportionné, mais je me suis dit pourquoi pas… » A l’aube de la course, l’organisation décide de remplacer l’épreuve de natation par 2,5 km de course à pied. Coline Grabinski s’élance peu confiante, du fait du retrait de son épreuve de prédilection. Mais aussi déterminée soit-elle, la Compiégnoise n’abdique pas. Les conditions de course ne sont pas optimales, en partie à cause de la pluie. Mais l’ingénieure franchit la ligne d’arrivée à la première place. Une consécration. « Le moment où je suis montée sur le podium, c’était juste exceptionnel ! Le problème est que je suis compétitrice, et que je gagne le championnat de France. C’est compliqué de se dire que je vais arrêter après…«
Coline Grabinski remporte l’année suivante un second titre de championne de France en explosant son record personnel de vingt minutes. L’idée d’une participation aux Jeux Paralympiques naît, mais l’athlète sait que ses temps ne sont pas encore au niveau. Afin d’optimiser ses performances, la trentenaire compte sur son retour à l’AMN pour s’améliorer encore en natation. Le matériel est aussi un point important pour la suite de sa carrière. Une cagnotte pour s’offrir des attelles en carbone, notamment pour la course à pied, a été lancée. Au niveau de la nutrition, la triathlète suit désormais les consignes de Thomas Zirn, diététicien nutritionniste. Tous les détails sont pris en compte par celle qui, au fil du temps, rêve toujours plus grand.
Romain Ales
Crédit photo : Kevin Devigne – Gazette Sports
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Marie Hélène Haguet
2 ans agoÇa correspond bien à ce qu est Coline.. La rééducation à berck elle a donné à fond.. Matin et après midi.. Puis piscine le soir dès qu elle a pu.. En s arreangeant avec les gens de la piscine.. Puis il a fallu marcher dans le sable..ils l ont accompagnée.. Ses efforts ont été salués.. Auparavant
Sa vie étudiante à été très active..