SPORT SANTÉ – THOMAS ZIRN : « Dans l’éducation du sportif, avoir une bonne alimentation est primordial »

Thomas Zirn, handballeur professionnel à l’APH mais aussi diététicien nutritionniste, s’appuie sur son quotidien pour insister sur la nécessité d’une bonne alimentation.

Comment es-tu devenu diététicien ?

Mon projet principal était d’être handballeur professionnel. J’ai fait un bilan de compétences pour voir ce que je pouvais faire comme études pour que ce soit compatible avec le rythme d’entraînement. Quand je suis arrivé à l’US Ivry (club historique du handball français, remonté cette saison en Élite, la Liqui Moly StarLigue, ndlr), en région parisienne, pour intégrer le centre de formation, le bilan indiquait que je pouvais faire de la diététique parce que j’avais les qualités requises, c’est-à-dire l’empathie, l’écoute, la bienveillance. Il y avait aussi le côté santé qui était important pour moi, parce que ma famille est dans le domaine de la santé. Il y avait aussi un lien avec le sport et c’était des études aménageables : j’ai pu faire mon DUT Génie Biologique option Diététique en 4 ans au lieu de 2. Cela fait maintenant plus de 10 ans que je suis diététicien nutritionniste.

Quelle différence y a-t-il entre un nutritionniste et un diététicien ?

Le titre de nutritionniste n’est pas protégé par la loi, cela veut dire qu’une personne qui a fait une formation de 15 jours peut se prétendre nutritionniste. Seuls les diététiciens nutritionnistes et les médecins nutritionnistes, qui sont des professionnels de santé, ont le droit d’exercer et de donner des conseils. La notion de nutritionniste est très abstraite.

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Ton activité de diététicien ne se limite pas à des consultations de patients qui souhaitent perdre du poids ?

L’activité principale reste centrée sur la perte de poids et c’est là que je maîtrise le mieux mon sujet. J’ai la rigueur du sportif de haut niveau mais il faut s’adapter aux personnes que tu as en face de toi : chacun fait avec ses armes, c’est important de donner des outils à tout le monde.
J’aime beaucoup changer la vie de certaines personnes par l’alimentation parce qu’on gagne en confiance en soi, il y a plein de choses qui changent. En remettant de la confiance dans leurs assiettes, dans leurs corps, on arrive à soigner, à participer au développement du patient, c’est ça qui m’intéresse vraiment. Mais être diététicien ce n’est pas que ça…
J’ai plusieurs types de patients : les enfants, on va plutôt avoir avoir tendance à ne pas les faire grossir, on cherche à les faire grandir sans prendre de poids. Chez les sportifs, c’est plus de l’optimisation de la performance : avoir les réserves nécessaires pour être performant.

En quoi est-ce important pour un sportif de bien s’alimenter ?

Parce que c’est vraiment le principal carburant, c’est ce qu’on met dans notre corps. C’est scientifiquement prouvé que bien manger optimise la récupération. On peut enchaîner les entraînements et les performances, avoir une bonne alimentation permet aussi de durer dans le temps, je m’en rends compte avec l’expérience de joueur que j’ai. Dans l’éducation du sportif, je pense qu’avoir une bonne alimentation est primordial parce que cela va justement permettre aux joueurs d’avoir cette capacité de répéter les efforts et de concentration. Dans le sport de haut niveau, quand il y a deux entraînements par jour, si tu ne manges pas correctement, tu ne peux pas performer.

En tant que handballeur professionnel, suis-tu un régime particulier ?

On va dire que je cherche un peu à optimiser ma performance, en essayant de bien répartir les macronutriments (protéines, lipides et glucides, à la base de l’alimentation, ndlr), en étant attentif à mon apport en protéines pour limiter le risque de blessure, pour développer ou maintenir ma masse musculaire et avoir un total de glucides qui va être adapté à mes entraînements. J’adapte mes apports en glucides en fonction des types d’entraînements. Il m’arrive parfois de donner des conseils à mes partenaires en club, en tout cas je les mets en place et parfois ils regardent ce que je fais. Ils me posent parfois des questions sur des produits, sur la façon d’optimiser leurs performances.
Sinon, je mange de tout, j’ai diminué ma consommation de viande pour plein de raisons, parce qu’au niveau de la santé, on n’a pas forcément besoin d’autant de viande et c’est aussi ce qui coûte cher dans l’assiette. J’essaie d’équilibrer mon assiette, d’avoir un quota de protéines sans manger de la viande tout le temps. Je suis une alimentation équilibrée avec quelques excès parfois, c’est important !

Sur tes réseaux sociaux, tu communiques beaucoup avec ta communauté, notamment sur Instagram…

Oui, je partage des recettes gourmandes, légères et équilibrées sur mon compte Instagram, qui est pour moi le meilleur moyen de donner des conseils et des outils à tout le monde, chacun peut s’en saisir gratuitement. Je propose des recettes que je ne modifie pas parce qu’il faut garder cette notion de plaisir. Je le fais aussi via une
newsletter mensuelle pour ceux qui en veulent davantage. J’essaie de mettre en avant d’autres enjeux en avant
comme le gaspillage : je jette le moins possible, j’achète local mais ce n’est pas toujours possible.

Si on devait ne retenir qu’un conseil pour bien s’alimenter ?

Je dirais de trouver son mode d’alimentation qui permette d’être en bonne santé, de manger correctement et d’éviter les fringales et la mauvaise gestion alimentaire.

César Willot
Crédit photo : Kevin Devigne – Gazette Sports Le Mag

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