SPORT SANTÉ : Pour se sentir comme un poisson dans l’eau

A Amiens, depuis plus de vingt ans, ils sont plusieurs milliers à avoir vaincu leur peur de l’eau et appris à nager grâce aux stages en immersion… à la piscine, organisés par l’association Osez L’Eau !

Yvan Lenglet est le président d’Osez L’Eau Amiens. Celui qui a fondé l’association en 1999 garde intacte sa motivation. Pour lui, se sentir bien dans l’eau est une question de confiance. C’est ce qu’il cherche, avec son équipe, à transmettre au public, essentiellement des adultes, qui s’inscrivent aux stages de formation organisés le week-end à la piscine du Lycée de la Providence. Ils sont entre 3000 et 4000 à en avoir tiré les bienfaits depuis plus de deux décennies.

Votre objectif n°1, c’est aider les gens qui veulent vaincre leur peur de l’eau, l’aquaphobie ou bien carrément leur apprendre à nager ?
Tout va ensemble. Au départ, quand j’ai créé l’association, il y a 22 ans, l’objectif était de vaincre l’aquaphobie. Aujourd’hui, je n’emploie plus ce terme. Je dirais plutôt apprivoiser l’eau, vaincre la peur de l’eau. C’est vraiment pour les personnes qui n’ont pas mis les pieds dans l’eau depuis un certain nombre d’années, par exemple suite à un incident, jeune à l’école, qui a pu créer un traumatisme. Donc on n’y remet pas les pieds… L’objectif initial est en fait de prendre confiance en soi dans l’eau, avec plein de situations ludiques. Chacun va les résoudre à son niveau pour, au fur et à mesure, prendre confiance. L’eau, propriété physique, va pouvoir les porter, les faire flotter et tout ça à travers des exercices pour comprendre ce qu’il se passe dans l’eau.

Une fois l’eau « apprivoisée », évoluer dans des bassins chauffés à 32° n’est pas désagréable, surtout l’hiver !

Il y a donc un côté ludique pour se déstresser quand on a peur de l’eau ?
On travaille avec les poumons que j’appelle les bouées. On travaille plusieurs situations subtiles, qui permettent aux gens de se sentir mieux dans l’eau, ou au fond de l’eau. Ils prennent confiance en eux. Notre but est de faire grossir le capital confiance qu’ils n’ont plus dans l’eau. Et surtout de prendre du plaisir, de renouer un contact affectif. On travaille souvent par deux, avec une eau chauffée à 32 degrés, les maîtres-nageurs sont dans l’eau
avec eux, accompagnés par des parrains marraines.

En quoi consiste plus précisément le travail dans l’eau ?
Il est personnalisé. On apprend aux gens à se redresser là où ils ont pied, à passer du ventral au dorsal, c’est tout un cheminement. Puis on aborde la propulsion sur le mur et on leur apprend à se laisser glisser sur l’eau.

À qui s’adressent ces formations ?
Les stages sont composés d’adultes. Après, nous avons des leçons de natation pour les enfants qui n’ont pas forcément de problème avec l’eau. On leur laisse le temps de s’adapter à ce que l’on propose. On a organisé des mini stages pour eux, le midi, mais il y avait trop peu de demande.

Pour vaincre l’aquaphobie, mieux vaut mettre la tête sous l’eau que dans le sable…

Pour les adultes donc, vous organisez régulièrement des stages sur une journée et demie, à la piscine du Lycée
de la Providence : vous pouvez nous expliquer leur déroulement ?

Le stage « Apprivoiser l’eau » a lieu en octobre, janvier et avril. A la fin, les gens continuent leur démarche en venant le jeudi. Le stage dure 8 heures, sur un week-end : on accueille les gens tout le samedi et le dimanche, on enchaîne avec le buffet pour se restaurer. Il s’agit avant tout et encore une fois de prendre plaisir, de renouer une confiance affective avec l’eau. Il y a aussi un travail avec les gens pour qu’ils prennent confiance en nous, dans notre approche. On est proche de nos stagiaires. Notre force c’est d’avoir des parrains, marraines, qui ont un discours rassurants.

Les conséquences de la pandémie et des restrictions sanitaires : vos activités en ont pâti ou
est-ce que grâce au côté sport santé, vous avez eu des gens venant avec des ordonnances de leur médecin ?
Le côté sport santé, nous nous étions positionnés dessus, mais on n’a jamais pu vraiment le mettre en place. On a donc eu un vide de quelques mois où l’on a dû fermer. Maintenant, est-ce une conséquence de la pandémie ? Je constate qu’une génération d’enfants, au lieu de savoir nager à cinq ans par exemple, a appris plus tard. Il y a certainement eu des noyades l’été sur les plages… Malheureusement il y a encore beaucoup d’accidents. Je pense qu’il y a une génération d’enfants qui ne sait pas forcément nager, ou qui apprend plus tard.

Cela arrive-t-il que certains participants à vos stages arrêtent avant la fin ?
La plupart des gens, pour ceux qui habitent à Amiens, s’inscrivent au moins pour une année, j’en connais qui sont même présents depuis des années. Ils progressent et vont ensuite dans d’autres cours. Donc ils évoluent, ils n’arrêtent pas. Il n’y en a aucun qui s’est arrêté en cours d’année !

Plus d’une personne sur quatre, en France, a peur de l’eau

Votre association existe dans d’autres villes, notamment à Lille (Lambersart) : savez-vous si les Amiénois.es sont dans la moyenne au niveau de l’aquaphobie, ou bien s’il y a ici plus de gens qui ont peur de l’eau et de mal à apprendre à nager qu’ailleurs ?
Non, je ne pense pas. Mais à Amiens il n’y a que trois piscines publiques. Et culturellement parlant, il y a beaucoup de campagne autour. Donc ça peut jouer, comparé à Lille, qui est une ville plus grande et avec plus de piscines. Mais je ne pense pas qu’il y ait plus de phobiques à Amiens qu’ailleurs. On pense qu’environ 25 à 30 % des gens ont une appréhension de l’eau, du mal dans leur rapport à l’eau.

À partir du moment où l’on sait nager, peut-on considérer que l’on n’a plus peur de l’eau ?
Il y a toujours une appréhension mais plus en piscine. Je donne toujours l’exemple de quand je vais nager en mer chaude : en dessous, on ne voit rien, je me sens toujours mal à l’aise, on ne sait pas ce qu’il se passe en dessous… Donc je pense que chacun a toujours une micro appréhension. Mais en tous les cas, en piscine, c’est sûr, les gens qui ont suivi nos stages sont à l’aise.

Osez l’Eau Amiens : stage pour adultes sur un week-end. Tarif : 250 €

Julie Michel et Vincent Delorme
Crédit photos : Kevin Devigne Gazettesports.fr

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