BÉNÉVOLAT – TENNIS : Au service des joueuses

Chaque année, en mars, c’est un ballet bien rodé qui se met en place à l’AAC : celui des bénévoles chargés du bon déroulement du tournoi ITF féminin. Entretien de la terre battue, accueil et transport des joueuses reposent en grande partie sur eux.

« Place aux jeunes ! » lance en rigolant Yvon Bourdon, quand on le croise en plein mois d’août sur un terrain couvert de l’AAC. Les courts n°6 et n°7 ressemblent davantage à un champ de patates qu’à des terrains de tennis. L’été, on joue en extérieur alors Yvon, retraité, devenu bénévole après avoir été salarié du club, a carte blanche pour retourner l’ocre indoor. Car c’est pendant les grandes vacances que sont refaits les terrains qui accueillent, en mars, à l’Amiens AC, le tournoi international ITF. Prévu du 6 au 13 mars prochain, il rassemble chaque année depuis 1998 anciens espoirs du circuit et futurs talents du tennis féminin. Entre août et mars, ces courts sont foulés par les adhérents du club, les jeunes de l’école de tennis et les joueuses et joueurs en championnats.

Si les courts extérieurs en terre battue sont refaits au début du printemps, c’est l’été que John (ici court n°7), coaché par Yvon désormais bénévole, s’occupe des terrains indoor qui accueillent le tournoi ITF

La terre battue n’a plus de secrets pour Yvon, robuste gaillard de 71 ans, qui a joué au rugby, « pilier au RCA », club où il est dirigeant et dont il suit tous les matchs. Yvon gérait un restaurant dans le centre-ville d’Amiens avant d’être embauché à l’AAC. C’était il y a près de vingt ans. « Au début, j’ai pataugé un peu » reconnaît-il. Car entretenir dix terrains en terre battue, dont quatre extérieurs, cela ne s’improvise pas. Alors le club l’a envoyé s’aguerrir à Roland-Garros. « Travailler les courts avec une herse, sur près de dix centimètres, bien les arroser l’été, surtout les terrains couverts qui ne reçoivent pas de pluie », voilà les rudiments du métier. Yvon, officiellement retraité, a du mal à prendre du recul. Et s’il le fait, son sens du devoir et le goût du travail bien fait lui remettent vite les pieds sur terre battue et les mains dans le cambouis.

Mais ce bénévole qui ne compte pas ses heures sait qu’il peut s’appuyer depuis quelques années sur John, jeune salarié consciencieux à qui il tente de transmettre le flambeau. Par exemple pour apprendre à peindre les lignes. « À l’huile de lin chauffée, avec de la peinture blanche. Mais attention, si on le fait l’hiver et qu’il gèle, ça ne va pas tenir, même sur court couvert ! »

Quand le tournoi ITF débute, Yvon Bourdon, ancien pilier du RCA, monte en 1ère ligne pour vérifier l’état des courts

La problématique de la météo, Dominique Vaillant la connaît bien. Jusqu’en 2019, il était responsable de l’entretien et de l’exploitation des routes au Département de la Somme. Désormais retraité, tennisman à l’AAC « depuis une dizaine d’années, « Dom » en profite pour jouer plus souvent », au sein de la fine équipe des lève-tôt qui tient la route, été comme hiver, sur les courts à partir de 9h, parfois même plus tôt ! Et il fait également partie des chauffeurs bénévoles du tournoi ITF. Pas des chauffeurs de salle mais des conducteurs qui se relaient au volant pour aller chercher les joueuses et les arbitres à leurs hôtels, leurs locations Airbnb et aussi, plus loin, à l’aéroport de Beauvais-Tillé, voire à Roissy quand elles arrivent de l’étranger.

De gauche à droite, Dominique, « Léon » et Philippe, chauffeurs bénévoles du dernier et sans doute du prochain tournoi ITF de l’AAC

Dans ce groupe des chauffeurs, on trouve aussi Philippe Kérouanton, 65 ans et de la même génération que « Dom ». Son épouse Béatrice joue au tennis à l’AAC. Pendant ce temps, il fait de l’attelage, avec un trotteur. Mais les chevaux sous le capot des voitures mises à disposition pendant le tournoi ne lui déplaisent pas ! Entre deux allers-retours à l’hôtel ou à l’aéroport, Philippe retrouve « Béa » à l’accueil de l’ITF. Elle est au téléphone. En ligne, une joueuse qui voudrait arriver plus tôt et avoir du coup sa chambre d’hôtel la veille. « I speak English a little » (*) s’excuse cette bénévole, dynamique retraitée d’Amiens Métropole, comme son mari. Preuve que les Kérouanton ont d’autres cordes à leur raquette, « Philippe se met au piano, il veut apprendre tout seul, sourit Béa, qui elle s’initie à « la guitare classique, à l’école de musique de Camon ». À quand le rock des bénévoles ?

Les Kérouanton, Béatrice et Philippe, travaillent bénévolement en famille pendant l’ITF de l’AAC

Figure de l’AAC et de son club house, celui que tout le monde, exceptée son épouse, surnomme « Léon » est le doyen des bénévoles. À 76 ans, Christian Lefèvre, de son vrai nom, « adore rendre service ». Le service n’est pas forcément le meilleur coup du jeu de ce vétéran, surtout fait de toucher et de niaque, mais ce n’est pas un vain mot quand il s’agit pour « Léon » de donner de son temps, en bon bénévole, dévoué pour son club de cœur. « Ma première licence à l’AAC, je l’ai signée en 1955, j’avais dix ans » dit-il, comme amusé par son impressionnante longévité.

Alors c’est tout naturellement que l’ancien commercial qui vendait des cornets de glace, s’est investi pour la bonne marche du tournoi ITF, une fois à la retraite. Sa récompense, il la trouve sur les visages des joueuses, quand elles lèvent la tête de leur smartphone pour remercier leur chauffeur d’un sourire. Mais le pompon, « Léon » l’a décroché en 2017 : « une des joueuses lauréates du tournoi de doubles m’avait donné son bouquet de fleurs ! » Cadeau inoubliable pour un bénévole généreux et amoureux puisque c’est à Madame qu’il avait aussitôt offert…

(*) : « Je parle un peu Anglais »

Vincent Delorme
Crédit photos : archives Vincent Delorme Gazettesports.fr

Des dirigeants bénévoles, maillons essentiels
Aux côtés de la directrice de l'AAC et du tournoi ITF, Karla Mraz-Fourcroy, 39 ans, on trouve deux bénévoles à des postes clé : Hélène Delanchy, 42 ans, membre du comité directeur de l'AAC. C'est elle qui gère justement le planning des autres bénévoles, l'accueil et les réceptions. Ainsi que l'important - et évolutif - dossier des mesures sanitaires, en lien avec l'ITF, la Fédération internationale. Elle était d'ailleurs déjà la référente Covid du tournoi ITF 2021, organisé à huis clos dans une bulle. Quant à Roger Hesse, le trésorier de l'AAC, 73 ans, ex-dirigeant d'entreprises, il gère la partie hébergement et le budget de ce tournoi doté de 15 000 $ de prix.
V. D.

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