ARBITRAGE : La longue paume, un sport aux règles atypiques

Discipline vieille de plus de 800 ans, la longue paume compte aujourd’hui près de 900 licenciés. Mais les règles de ce sport ne sont pas forcément connues du grand public. Explications avec Bruno Chiraux, président de la Fédération Française de Longue Paume, et Benoit Carlier, arbitre.

Tout d’abord, la longue paume se dispute principalement en plein air, sur un terrain d’environ 60 mètres de long sur 15 mètres de large. Cette discipline peut se jouer en un contre un, deux contre deux, ou encore en six contre six. Les formations sont constituées d’un foncier (joueur le plus éloigné), de deux basses-volées et de trois cordiers (première ligne). Ancêtre du tennis, le sport est un système de gagne-terrain. « C’est celui qui va envoyer la balle le plus loin et qui va pouvoir faire une chasse dans son camp le plus loin possible pour que l’adversaire ne fasse pas repasser la balle par-dessus lui. En fait, on n’a pas de filet« , explique Benoit Carlier, arbitre depuis une quinzaine d’années.

Les chasses, qui s’apparentent au ballon au poing, sont désignées lorsque la balle « meurt » dans l’aire de jeu des adversaires. Un bâton rouge est alors posé au point extrême de la trajectoire de la balle, créant une ligne imaginaire. Sur un second service, une deuxième chasse est posée lorsque la balle s’arrête une nouvelle fois, si elle est coupée par les concurrents. Après la pose de ces deux chasses, les deux formations changent de camp. Le service est inversé, et l’équipe ayant l’avantage doit dépasser la chasse afin de remporter le point. Ce qui rend la longue paume tactique, de par l’infinité des surfaces de jeu possibles. A savoir que « ce ne sont pas forcément les plus puissants qui gagnent à la longue paume, il faut savoir où placer la balle pour la faire mourir derrière la chasse« , ajoute l’arbitre de 51 ans.

Benoit Carlier est arbitre de longue paume depuis une quinzaine d’années.

Des formations pour devenir arbitre

Chaque année, la Fédération Française de Longue Paume propose avant une nouvelle saison une formation pour les arbitres. « Il y a une commission arbitrage qui les encadre, qui les forme, qui prépare notre saison entre guillemets, afin d’intégrer les modifications de règlement. C’est un travail collectif« , raconte Bruno Chiraux, président de la fédération. Cette formation se déroule la plupart du temps sur une demie-journée. « Il y a aussi une tradition d’auto-arbitrage. Quand vous faites un match de tennis, vous n’avez pas toujours un arbitre sur la chaise. Les gens qui, en général, veulent devenir arbitre fédéral, se sont déjà intéressés à la question. Ils ont auto-arbitré dans un certain nombre de matches. Ensuite, l’idée est que cette expérience là va être au service d’un collectif d’arbitres pour que tout ça donne des choses cohérentes sur la façon d’arbitrer lors de la saison« .

La fédération compte aujourd’hui une vingtaine d’arbitres, ce qui représente en moyenne un officiel par club. L’auto-arbitrage est donc énormément présent lors de la saison. « Ce n’est pas toujours évident en fonction des disponibilités. Ils sont d’ailleurs sollicités sur les événements sportifs les plus importants (trophée des champions, ndlr), parce qu’il y a pas mal de matches dans la saison« , affirme Bruno Chiraux. Lors d’événements tels que le trophée des champions, plusieurs volontaires peuvent également être formés afin d’épauler les officiels.

Bruno Chiraux n’arbitre plus depuis qu’il est le président de la Fédération française de Longue Paume.

Des rôles bien précis

Lors d’une rencontre de longue paume, trois arbitres sont répartis sur le terrain. Un président de jury, qui indique quelle équipe remporte le point, ou appelé quinze. Tout comme au tennis. Ensuite, en tant que juges de ligne, les commissaires posent, eux, les chasses. « Il faut qu’ils soient le plus précis possible pour que le filet soit placé au bon endroit et que le jeu se déroule selon le gain de terrain des équipes« , complète le président de la fédération. Au fil de la compétition, les arbitres alternent leur poste. « Généralement, on s’entend bien entre arbitres« , poursuit Benoit Carlier.

Aujourd’hui, la Fédération Française de Longue Paume cherche encore de nouveaux arbitres et tente de recruter des jeunes afin de pérenniser cette discipline, comme le confirme Bruno Chiraux : « Ils ont un brevet d’arbitrage qu’ils passent en fin de stages de perfectionnement. Histoire de mettre un peu le pied à l’étrier pour ceux qui se sentiraient intéressés. On essaie de créer de la continuité. Quand ils sont encore jeunes, ils peuvent aussi arbitrer eux-mêmes des parties. Parce que, comme dans tous les sports, ce n’est jamais facile d’en trouver. On en voudrait toujours un peu plus ».

Romain Ales
Crédit photo : Théo Bégler – Gazette Sports

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