ÉDUCATION AUX MÉDIAS : Des élèves de 4e se penchent sur les addictions

La classe de 4e1 du collège Auguste-Janvier, à Amiens, a interviewé Thomas Vicaine, spécialiste des addictions à l’association Le Mail. Et elle a rédigé cet article qui détaille les différentes dépendances, la façon de les prévenir et de les prendre en charge.

Thomas Vicaine veut aider les consommateurs à faire « des choix éclairés ».

Thomas Vicaine est éducateur spécialisé de formation et coordonne des projets vers le public jeune.
Ses études ont duré sept ans. Tout d’abord il a fait une formation de trois ans, la moitié du temps en stage et l’autre moitié en cours.
Dans ce domaine, il est possible de travailler dans des milieux différents. Mais l’idée est d’accompagner de jeunes adultes en difficulté. Ainsi, il a eu un diplôme universitaire en addictologie et un Master en ingénierie des politiques sanitaires et sociales.
Thomas Vicaine travaille en journée, mais il intervient parfois en milieu festif et travaille dans ce cas jusqu’à la fin de l’événement. Il fait également des interventions en milieu scolaire.

Il travaille pour l’association Le Mail qui accompagne des personnes présentant des troubles addictifs et/ou des maladies chroniques. Les objectifs de l’association sont de préserver et améliorer la santé globale par la prévention, le soin et la réduction des risques grâce à cet accompagnement. Les salariés comme Thomas interviennent auprès des jeunes en difficulté avec les addictions et cela fait émerger une réflexion.

Les personnes ne sont pas forcément « accro », elles ont souvent des complications à cause de consommations. Par exemple, récemment, au festival Minuit Avant la Nuit, Thomas est intervenu pour des problèmes liés à l’alcool et au cannabis. Ses interventions permettent aux consommateurs de faire « des choix éclairés » : il n’est pas là pour leur dire ce qu’il doivent faire, car c’est le choix de chacun.

L’association Le Mail, « ni les forces de l’ordre, ni la justice »

L’association Le Mail, anciennement Drogue 80, existe depuis 1975 et accompagnait d’abord les personnes qui consommaient des drogues illicites (stupéfiants).
Désormais, Le Mail est un centre de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie : « un centre médico-social généraliste. » L’association comprend 85 salariés, intervenant sur différents services et elle est financée, en partie, par l’Agence Régionale de Santé (ARS).
Le travail de ses professionnels est également de faire de la prévention et de la réduction des risques qui peuvent provoquer une addiction.
Il ne faut pas oublier que « Le Mail, ce ne sont ni les forces de l’ordre, ni la justice » comme l’explique Thomas Vicaine.
Il nous a également précisé que sa structure accompagnait les personnes « sans porter aucun jugement, quelque soit leurs consommations ou leurs pratiques. »
L’association se fait connaître grâce à de la documentation, des flyers (comment se protéger, les effets etc.) et grâce à sa présence sur des événements.
Le Mail effectue des interventions, par exemple lors de festivals (ce sont les événements qui font appel à elle).
Dans la Somme, il y a deux associations spécialisées dans l’addictologie : Addictions France et Le Mail.

Définir les addictions

Grâce aux réponses de Thomas, nous pouvons définir ce que sont les addictions.
Il en existe une multitude. Les plus communes sont les dépendances à l’alcool, au tabac et au cannabis. Il existe un autre type d’addiction, qui regroupe tout ce qui est Internet et réseaux sociaux.

En cas d’addiction, Thomas insiste fortement sur « l’importance de pouvoir consommer dans de meilleures conditions pour éviter de se mettre, nous et les autres, en danger. Il est également important de savoir s’en protéger. »
Il nous explique également qu’une addiction est le fait de ne pas pouvoir se passer d’une consommation ou d’une pratique. Il précise que cela va jusqu’à impacter notre quotidien.
L’association Le Mail intervient dans des milieux festifs tels que des festivals parce que ce sont des lieux propices à la consommation de drogue – alcool et tabac étant aussi des drogues, mais légales, contrairement au cannabis et aux diverses herbes -.
Intervenir dans les festivals permet de protéger les consommateurs et les festivaliers, en mettant en place un espace dédié au calme et au repos pour faire redescendre les effets de l’alcool ou de diverses drogues.

Avec ce petit camion, l’association Le Mail va à la rencontre du public, par exemple lors de festivals.

Les addictions qui concernent les jeunes sont-elles aussi fréquentes que chez les adultes ?
D’après Thomas, plus un jeune commence à consommer tôt, plus il a de risques de devenir dépendant et d’avoir des séquelles dans le futur.
Thomas nous a également raconté que la personne la plus jeune qu’il ait rencontrée avait « 12/13 ans et consommait de l’alcool et du cannabis, au point de se mettre en danger. »

Moins connue, il existe une addiction au sport. Thomas nous explique que cela peut devenir dangereux quand la pratique prend le dessus, au point de ne pas pouvoir s’en passer.
Les écrans sont également dangereux. Ils sont accessibles de plus en plus tôt, cela peut donc engendrer une consommation excessive.

L’origine des addictions

D’après Thomas Vicaine, les addictions « ne peuvent pas venir du jour au lendemain, elles s’installent sur le long terme. »
Au fur et à mesure, une consommation ou une pratique prend de plus de plus de place et on ne peut pas s’en passer. « Les addictions deviennent plus fortes que toi », comme l’explique Thomas.

Il y a plusieurs types de dépendances : la dépendance physique, c’est-à-dire, qu’à force de consommer un produit, le cerveau en a besoin pour fonctionner.
La dépendance psychologique : « Qu’est-ce que ça m’apporte ? Pourquoi j’en ai besoin ? »
La dépendance comportementale correspond aux habitudes, comme pour les fumeurs : « Quand j’ai du temps, une pause, je fume. »

Les conséquences peuvent être sur la vie, les études, le travail. Plus on consomme un produit, plus on augmente les risques d’avoir un problème de santé. Les causes des dépendances sont souvent l’isolement, le manque d’estime de soi ou la précarité.
« Il n’y a pas de réponse toute faite à l’addiction » selon Thomas. Il faut s’intéresser à la personne, voir la place du produit dans sa vie. Pour surmonter une dépendance, il ne faut pas seulement en avoir besoin, il faut le vouloir.

Le soin

Les associations médico-sociales comme Le Mail emploient des personnes avec différents diplômes qui leur permettent d’accompagner le public. Il existe aussi ce que l’on appelle « l’auto-support », des consommateurs ou anciens consommateurs qui viennent témoigner et accompagner d’autres consommateurs dans la démarche de soins.

Il y a également un suivi psychologique pour faire comprendre à ces personnes « pourquoi à un moment donné, elles ont eu besoin de cela. » Après, elles vont avoir un suivi socio-éducatif pour leur permettre d’avoir des projets, ce qui permet de consolider la démarche de soins.
Mais avant tout, c’est une démarche personnelle : si la personne n’a pas envie de changer ses habitudes de consommation, la démarche de soins aura peu de résultat. Selon Thomas, « on le voit par ailleurs avec les condamnations en justice assorties d’une obligation de soins. »

La prévention

La prévention est un moyen de prévenir les personnes contre toute addiction. Le Mail est une association spécialisée en addictologie. Quand on est addict à quelque chose cela veut dire qu’on est « accro ». Les addictologues donnent des conseils et explications aux personnes pour se protéger face à l’addiction. Il y a des addictions comme la drogue, l’alcool, le tabac, les jeux d’argent, les écrans, etc.
Les proches peuvent intervenir pour soutenir les personnes en état d’addiction, parfois les consommateurs peuvent avoir peur d’être jugés sur cela. Épauler quelqu’un qui a une addiction, c’est être présent pour lui.
Si quelqu’un veut tenter l’alcool et qu’on lui interdit, cela ne l’empêchera en aucun cas de le faire.
Il faut que la personne ait suffisamment de connaissances pour ne pas être en danger face à ces produits. Cependant, il ne faut pas se laisser influencer par les autres. Il faut savoir dire non.
Si on veut consommer ces produits, il faut prendre en compte les risques d’addiction et savoir qu’il y aura des conséquences par la suite.
Mal utiliser les produits ou trop consommer peut être dangereux pour la santé physique et mentale. Pour éviter tout accident, les adultes informent les mineurs des risques dès la 6e.

Francia, Ana, Lorick, Hortense, Constance, Séréna, Anaïs, Lison, Joséphine, Jeanne, Sana, Fabricio, Max, Thomas, Arthur, Brice, Clémentine, Meïssa, Laurène, Wendy, Carmen, Sarra, Sirine et Evanaëlle, élèves de la classe de 4e1 du collège Auguste-Janvier, à Amiens. Avec leur professeur d’histoire – géographie, Audrey Dercourt.

Crédit photo : DR (Facebook Le Mail) / Vincent Delorme – Gazette Sports

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