PORTRAIT : Pascal Labize, l’ombre des meilleurs

Il le dit lui-même, ce kiné de 38 ans préfère se faire discret, comme le veut le plus souvent son métier. Mais Pascal Labize a accepté de faire une exception pour nous parler de ses expériences, nombreuses. Et de son travail auprès des athlètes de l’équipe de France.

Pour commencer, Pascal Labize et le sport, c’est quoi comme histoire ?

Je n’ai pratiqué que du sport amateur. Mon parcours sportif a commencé par du tennis de table couplé avec du foot. Quand je suis arrivé à l’âge où il fallait choisir, j’ai continué le foot. Je suis originaire du Gard. Je suis arrivé à Amiens pour mes études de kiné, j’ai poursuivi le foot ici, à l’ASPTT, à Saint-Vaast, à Quevauvillers. En parallèle, je me suis mis au badminton, parce que j’ai découvert les conditions climatiques ici. J’ai fait 10 ans de badminton jusqu’à l’année dernière. Et là, motivé par des potes qui reprennent le foot en vétérans, j’ai repris avec eux et j’ai arrêté le badminton.

Quand vous vous êtes orienté vers la kinésithérapie, aviez-vous en tête de faire le lien avec le sport ?

Clairement, c’était ma motivation première, je voulais bosser dans le sport. En sortant du bac, on ne sait pas trop ce qu’on veut faire. Je m’étais renseigné pour être prof d’EPS, sur la gestion d’établissements de sport, sur le journalisme. Et j’ai sollicité un kiné pour aller voir comment c’était. Et le côté santé dans le sport, ça m’allait bien.

C’est un moment où on est souvent seul à seul et qui est ouvert à la libération de la parole. Ce côté psychologique est intéressant.

Y a-t-il une différence entre ce que vous imaginiez et ce qui se passe réellement ?

Ce que j’imaginais, je crois que c’était ce qui se passe, c’est-à-dire une relation privilégiée avec le sportif. C’est un moment où on est souvent seul à seul et qui est ouvert à la libération de la parole. Il y a ce côté psychologique qui est intéressant. Alors, j’essaie de ne pas déborder de mon champ de compétence, mais d’être à l’écoute. Et dans l’ombre, ça me convient bien !

S’il ne peut pas prescrire du sport santé, le kinésithérapeute peut avoir un rôle dans la reprise ou le début d’una activité sportive, nous explique Pascal Labize

Comment vous êtes-vous tourné vers l’athlétisme ?

En fait, un de mes collègues, Alexandre Fougereux, bossait pour l’AUC et intervenait auprès de la Ligue de Picardie. Je l’ai dépanné sur un championnat d’épreuves combinées et de marche en salle à Nogent-sur-Oise. Cela correspondait, certes pas forcément, au niveau du site, etc., à ce à quoi j’aspirais à terme, mais à un côté sport avec de l’échange, c’était cool. Je l’ai dépanné une ou deux fois, on a bossé ensemble, on a monté une commission médicale à la Ligue de Picardie.

S’il a multiplié les sports, c’est un peu par hasard qu’il s’est retrouvé à travailler auprès de l’athlétisme. Avec un certain succès.

Et un jour, un médecin de la Fédé est venu rencontrer les membres de la commission, Alexandre Fougereux, François Perla et moi, et nous ont proposé de couvrir le Meeting Areva. On a bossé une journée là-bas et à l’issue de cette journée, ils étaient plutôt satisfaits du boulot qu’on avait fait et ils nous ont proposé d’intégrer les listes fédérales. C’était en 2014.

Si on est disponible, si on démontre un minimum de compétences et si humainement, on s’en sort – parce que quand on part trois semaines en stage, en vase clos, il faut savoir vivre en communauté – on peut faire une petite carrière là-dedans.

Est-ce que vous avez une idée de la façon dont la Fédération vous a repéré ?

Comme on avait vraiment structuré la chose en Picardie et qu’il y avait eu des événements nationaux deux années de suite dans la région, je pense qu’ils ont vu que l’organisation ne s’en sortait pas trop mal et qu’on pouvait tenir la route. C’est là qu’ils sont venus voir ce qu’on faisait et nous ont testés sur le meeting.

Vous faisiez partie du staff de l’équipe de France aux derniers championnats d’Europe à Munich : c’était une première pour vous ?

C’était le plus gros événement que j’ai pu couvrir. J’ai commencé par des encadrements de compétitions jeunes, sur un week-end, entre 4 nations. Cela s’est fait progressivement, j’ai ensuite couvert les championnats d’Europe Juniors, les championnats du Monde Cadets. Et après, avec les seniors, la coupe d’Europe des lancers, les championnats d’Europe par équipes, le championnat du Monde des relais. Avec en point d’orgue ces championnats d’Europe.

Qu’est-ce que cela changeait pour vous ?

Le fait d’avoir couvert pas mal de compétitions jeunes, quand on arrive chez les grands, il y a pas mal d’athlètes qu’on connaît déjà, qui ont déjà eu affaire à nous, sur le relationnel, c’est assez facile. Et quand on est un kiné un peu nouveau dans l’équipe auprès des seniors, il y a quelques athlètes phares qui ont l’habitude des kinés déjà en place et ne font pas trop appel à vous. Donc je n’ai pas trop eu cette gestion-là à organiser. Au-delà de ça, je les suivais pas mal en stage, cela permet de créer du lien.

Ce qui change un peu, c’est en termes d’organisation. L’événement étant plus gros, tout est plus carré, tout est plus « timé », il y a d’autres contraintes, télévisuelles. À l’hôtel, c’est un peu plus verrouillé, mais au niveau du boulot, les blessures restent les mêmes, les massages de récupération restent les mêmes, donc ça ne change pas grand chose.

Donner un coup de main, ça me paraît évident quand on est membre d’un club.

Et, finalement, vous avez mis les pieds dans l’Olympiastadion ?

J’ai vu la finale du 110 m haies, parce que c’était la dernière épreuve, en fait. On reste jusqu’à ce que les derniers athlètes quittent le stade d’échauffement. Donc dans le stade, j’ai vu ça et les relais. Mais sinon, j’ai suivi sur un écran à l’hôtel, mais c’est sympa parce que des athlètes sont là. Et dans le stade d’échauffement, il y a un écran et c’est une ambiance assez sympa. Il y a même des coachs qui ne vont pas dans le stade, ils préfèrent être tranquilles, à l’abri des regards, leurs réactions ne sont pas scrutées.

À l’instar du lanceur de marteau Jean-Baptiste Bruxelle, Pascal Labize connaît particulièrement les athlètes de l’Amiens UC avec qui il travaille toute l’année.

Être avec Alexandre Fougereux (également Amiénois et travaillant dans le même cabinet que Pascal Labize, ndlr) en équipe de France, est-ce aussi un élément facilitant ?

Oui, franchement, c’est top de pouvoir bosser avec quelqu’un qu’on connaît depuis bientôt 15 ans. C’était facile. Et, on avait déjà fait quelques stages, mais c’était la première fois qu’on couvrait un événement ensemble. On était quand même 10 kinés, mais on se connaissait quasiment tous, donc ça vit bien, c’est important.

Les athlètes amiénois qui étaient présents, ce sont également des athlètes que vous connaissez bien ?

Oui, on les suit à l’année, Maëlly (Dalmat, sauteuse en longueur, ndlr) et JB (Bruxelle, lanceur de marteau, ndlr). Donc ça facilite les choses aussi. Il y avait également Thomas Jordier, que je vois régulièrement en stage. Et il y a ce petit côté « on est du même club ».

Étant également ponctuellement intervenu auprès de l’Amiens SC, Pascal Labize a évoqué ce passage. Et la différence que cela constituait avec le fait de travailler en continu avec des athlètes.

Vous avez aussi été bénévole au sein de l’AUC Badminton, qu’est-ce qui vous a motivé ?

Ça me paraît évident, quand on est licencié dans un club, de mettre la main à la pâte. C’est aussi une histoire de personnes : j’ai un ami qui a pris la présidence du club et qui avait besoin de potes autour de lui pour l’accompagner. C’est là où mon investissement a été le plus important, au sein du comité directeur, quelques années. Après, je donne un coup de main, mais il n’y a pas de gloire à ça, ça me paraît évident quand on est membre d’un club.

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Morgan Chaumier
Crédit photos : Kevin Devigne – Gazette Sports

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