SPORT SANTE : Quels sont les effets du sport à haute dose sur les enfants ?

Le sport est bon pour la santé, mais à quel point ? Jusqu’où faut-il pousser les enfants et à quels effets indésirables peuvent-ils être confrontés ?

Un sportif de haut niveau – et encore plus les jeunes pratiquants – ont besoin d’un suivi médical au moins deux fois par an. Les aspects physique, psychologique et diététique sont les points essentiels contrôlés par les médecins du sport. Car il existe des points positifs et négatifs à la pratique régulière du sport à haut niveau.

Des capacités supérieures à celle des adultes

Une jeune va mettre quelques semaines pour acquérir de nouveaux gestes techniques alors qu’un adulte aurait besoin de plusieurs mois. Les adultes ont également une capacité de récupération beaucoup plus lente. Les effets du sport intensif sur le corps d’un enfant auront donc moins d’impact puisque la régénération de ses cellules est bien supérieure. 

Il en est de même pour les blessures : un enfant va plus rapidement récupérer. Cependant, le fait qu’il ne ressente jamais de limites si on ne lui en impose pas peut engendrer des impacts physiologiques ainsi que sur sa croissance. « La filière sport-étude est une bonne chose pour les jeunes. Ils débutent en 4ème donc à l’âge de 13-14 ans« , nous explique Lucie Louette, kinésithérapeute du Pôle Espoir Judo d’Amiens et championne d’Europe en 2013. Elle ajoute la nécessité « d’accompagner ces jeunes car ils ne savent pas gérer l’entraînement. Il faut donc les préparer, avec un suivi médical, paramédical et alerter sur tout signe de surentraînement ». 

Attention au surentraînement

Le surentraînement peut conduire à une altération des performances et avoir des effets sur la vie personnelle, des troubles du sommeils, une récupération beaucoup plus lente, une augmentation de l’anxiété et enfin des troubles de l’humeur. Le surentraînement est un point peu évoqué alors qu’il est pourtant assez fréquent parmi les sportifs de haut niveau. La kiné amiénoise explique qu’il « peut engendrer des blessures, alors il faut savoir doser et aménager les séances ». Chaque jeune n’ayant pas les mêmes capacités physiques, il est nécessaire de s’adapter. « Il faut faire attention notamment à l’hygiène de vie. Un sportif n’a pas les mêmes besoins, le sommeil et l’alimentation sont vraiment la base pour avoir un corps au maximum de son potentiel », nous affirme-t-elle.  

Un plaisir avant tout

L’épanouissement reste tout de même l’un des points essentiels à la pratique physique à haut niveau. Le plaisir doit primer alors que l’aspect contraignant des entraînements, de la discipline de vie pourraient engendrer des conséquences psychologiques. Ce qui est un aspect à ne pas négliger dans le sport de haut niveau. Le monde du sport met en valeur un champion mais il peut se retrouver subitement ignoré s’il n’est plus à la hauteur des attentes en compétition. Le désintérêt peut être assez dur à encaisser pour un jeune, qui peut y voir comme une forme d’abandon. Il est donc important de suivre de près l’enfant.

Quelque soit la discipline – ici des jeunes joueurs de ballon au poing de Forceville aux championnats de France 2021 – le surentraînement représente un risque

Une professionnelle spécialisée dans la psychologie du sport à Amiens, Sophie Tartare, explique qu’il est « difficile de rester au niveau,  d’accepter de stagner pour ensuite progresser. Tout ceci est anxiogène et provoque beaucoup de pression. La réussite sportive peut déclencher du stress et aussi de l’anxiété, celle de perdre son statut de champion, de contre-performer, ce qui pourrait conduire le jeune à glisser vers des comportements déviants pour tenter d’échapper à un mal-être ».

« Un style de vie complètement tourné sur son activité risque de priver le jeune sportif de toute une partie de sa vie sociale »

Sophie Tartare, psychologue

La pratique d’un sport à haut niveau peut être un moyen d’exprimer ses émotions, ses ressentis. « Cependant l’enfant ou l’adolescent qui va pratiquer un sport à haut niveau pourrait se trouver enfermé, ayant son sport comme seule activité ». Ses entraînements à haute dose peuvent avoir des effets néfastes : « les compétitions, son style de vie complètement tourné sur son activité risquent de le priver de toute une partie de la vie sociale, amicale et familiale. Un enfant peut se sentir isolé à l’école ou au collège car il ne partage plus les mêmes centres d’intérêt que ses camarades. Il va rester dans la sphère assez restreinte de son club » indique la psychologue.

Un bon entourage est nécessaire

L’environnement du jeune sportif est tout aussi important que sa pratique. Un suivi médical à la hauteur est indispensable. Il pourra ainsi pratiquer sa discipline dans les meilleures conditions possibles. Il pourra également à tout moment, poser des questions à son médecin. L’environnement sous-entend également sa famille, son entraîneur et le milieu scolaire. Il est important de ne pas simplement se reposer sur les performances sportives. Parmi l’ensemble des sportifs de haut niveau, seul quelques-uns sortent du lot, le jeune doit en avoir conscience. Il est donc primordial de continuer d’étudier pour assurer son avenir après sa carrière sportive.

Cela peut sembler représenter beaucoup d’efforts mais il ne faut pas perdre de vue que les enfants acquièrent grâce au sport des valeurs de respect, de dépassement de soi, de courage et une rigueur qui leur serviront pour leur vie personnelle et professionnelle.

Julie Michel

Crédit photo : Léandre Leber (archives) Gazettesportslemag

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