LE LANGAGE DU SPORT DÉCRYPTÉ : Une “cocotte” au rugby

Quand on parle de cocotte, on pense plutôt à une poule ou à la cuisine mais ce terme est pourtant bien connu dans le monde du rugby. Alors à quoi correspond-il ?

La “cocotte” est au rugby une phase de jeu appelée aussi maul ou encore ballon porté. Autrement dit, une cocotte est un regroupement de joueurs debout, composée au minimum du porteur du ballon, d’un soutien (autre joueur de son équipe) et d’un joueur de l’équipe adverse. Le but étant de faire avancer, progresser, désaxer, et avancer de nouveau cette cocotte !

Une phase de jeu essentiel

Cette phase de jeu qui intervient la plupart du temps après une touche est une véritable arme pour mettre en difficulté son adversaire et marquer un essai. Une phase de jeu qui “permet de marquer sans la moindre passe”, comme le souligne Martin Saleille, entraîneur du RCA. Une phase de jeu très intéressante surtout dans des conditions compliquées ne favorisant pas le jeu au large par exemple. Une véritable épreuve de force qui est bien plus technique que l’on peut l’imaginer. “Même en étant moins puissant on peut faire la différence par la technique même si ça reste un rapport de force”, estime l’entraîneur Amiénois. Si c’est une arme offensive très intéressante, c’est aussi un cauchemar pour les défenses. “Quand un maul est bien effectué c’est très compliqué à défendre sans se mettre à la faute ou concéder du terrain”, souligne le technicien amiénois. 

Un point d’ancrage pour lancer le jeu

Si cette phase de jeu permet d’aller derrière la ligne d’en-but ou de pousser à la faute son adversaire, elle permet aussi de lancer le jeu. En effet, un ballon porté est une phase de fixation. Cela permet de fixer la défense et un nombre plus ou moins important de joueurs sur une petite zone ouvrant ainsi de nombreux espaces. Si le ballon ressort au bon moment, cela peut permettre de mettre sur orbite les joueurs non présents dans le maul qui sont souvent les plus rapides. Pour le RCA qui aime le jeu au large, cette phase de jeu est donc un véritable atout. “Nous travaillons cette phase surtout après les touches et c’est pour nous quelque chose d’important. Car si l’on ne parvient pas à aller au bout mais que l’on ressort le ballon dans le bon timing cela va nous offrir une phase de jeu au large très intéressante. C’est une phase d’affrontement pas forcément esthétique mais qui fait office de véritable point d’ancrage et de lancement de jeu”, estime Martin Saleille. 

Une phase de jeu bien plus technique que l’on pense

Vu de l’extérieur, on peut penser que cette phase de jeu est un simple affrontement physique entre deux groupes de joueurs qui poussent chacun le plus fort possible. Mais si c’est effectivement une phase d’affrontement à l’image de la mêlée, il y a une véritable part de technique. “C’est une phase de jeu où la puissance est très importante mais pour bien le réaliser, une certaine technique est nécessaire. Il faut savoir utiliser la force de l’adversaire pour avancer. Il y a plusieurs étapes avec dans un premier temps se structurer, mettre le ballon à l’abri le plus loin possible de l’adversaire, puis pousser. Si l’on passe avant tout par l’axe, il faut savoir se désaxer quand on n’avance plus pour continuer la progression. C’est le rôle du joueur que l’on voit dos au jeu qui est en quelque sorte le pilote du maul. C’est lui qui va le diriger et ressentir où la pression est moins forte pour aller de ce côté. Après, quand on n’arrive plus à avancer il faut savoir sortir le ballon au bon moment. C’est souvent le talonneur qui est en position de dernier qui va alors sortir en force ou le numéro neuf va être appelé par l’ouvreur qui va lancer une phase de jeu. Il faut libérer le ballon avant que le ballon porté ne s’arrête pour fixer le plus longtemps possible le maximum de défenseur”, estime Jean-Baptiste Segais, responsable des avants du RCA.

Un vrai casse tête défensivement

Exemple d’une cocotte proche d’aller au bout, et d’une des stratégies de défense, passer les bras dans l’axe

Si c’est une phase de jeu très intéressante pour l’attaque, pour la défense c’est l’un des phases les plus compliquées à défendre. “Pour défendre il y a plusieurs possibilités. La première, c’est de faire tomber immédiatement le sauteur après une touche avant que le maul ne soit structuré. Ensuite il faut répondre à l’épreuve de force et empêcher ce dernier de progresser pour les obliger à ressortir le ballon. Ensuite on peut essayer d’aller arracher le ballon en s’introduisant dans le groupé pénétrant en passant par l’axe pour ne pas être pénalisé. Après on peut, au moment de la création de maul, ne pas aller au contact pour créer un hors jeu mais c’est quelque chose de très difficile à faire. On essaye de varier nos façons de défendre pour perturber au mieux l’adversaire. Après quand un maul est bien structuré et lancé, c’est très difficile à stopper sans faire de faute. C’est un mouvement très beau quand il est bien effectué”, souligne l’entraîneur des avants amiénois.


Aurélien Finet

Crédits photos : Coralie Sombret / Léandre Leber – Gazettesports

Leave a Comment

Your email address will not be published.

Start typing and press Enter to search