PORTRAIT : Mohammed Oudji, 40 belles années de boxe et de savoir

Entraîneur de l’Amiens SC Boxe depuis bientôt 40 ans, Mohammed Oudji nous raconte ses débuts, son histoire et les liens étroits qu’il entretient avec la boxe.

Comment avez-vous débuté dans la boxe ?

À l’âge de dix ans, j’étais un enfant qui voulait toucher un peu à tout, venir découvrir différents sports comme le football où j’ai joué à Saint Maurice, le cyclisme et les sports de combat où j’ai trouvé ma passion. Le fait que je sois de la génération Bruce Lee m’a fait tomber amoureux de ce dernier. Et c’est ensuite que je me suis réellement plongé dedans, par le judo avec Thierry Dambrine, le karaté puis la boxe française où j’ai pu découvrir le club d’Étouvie grâce à un ami en 6ème qui pratiquait.

Je suis venu faire un essai avec lui et j’ai tout de suite accroché. Pendant cinq ou six ans, j’ai continué à venir boxer dans la salle d’Étouvie puis j’ai arrêté pendant une année pour ensuite reprendre le club, car mon entraîneur arrêtait. Quand il est venu me voir, j’avoue que sa demande m’a surpris mais j’ai accepté à l’âge de 18 ans de reprendre le club de boxe. Et ce fut le début de 40 belles années à développer le club. Très peu de gens sont au courant mais je suis originaire de la boxe anglaise et c’est ce qui m’a permis quelque part de parfaire ma boxe et de la diversifier. 

J’avais aussi beaucoup de plaisir à organiser des événements grâce au soutien de mes parents, qui étaient des personnes très ouvertes

Mohammed Oudji – Entraîneur de l’Amiens SC Boxe

Quels événements ont marqué votre carrière dans la boxe ?

Durant l’ensemble de ma carrière, j’ai pu participer à de multiples compétitions nationales et même internationales où j’ai remporté un titre de champion du monde de full contact en 1991. Pendant ces années, j’avais aussi beaucoup de plaisir à organiser des événements grâce au soutien de mes parents, qui étaient des personnes très ouvertes. Et j’ai organisé mon premier gala de boxe en 1987 à Étouvie où on a réussi à faire guichets fermés. Dans quasiment tous les galas que j’ai organisé, on a pu faire guichets fermés. 

Et même au cirque Jules-Verne, en 1993, pour mon frère Mokhtar (Oudji) qui s’était qualifié en demi-finale des championnats du monde. Je me souviens quà l’époque personne n’avait cru en ce projet et pourtant, cela été un franc succès. Par la suite, j’ai organisé de multiples événements comme deux demi-finales des championnats du monde et une finale de coupe d’Europe féminine parce qu’autrefois, les femmes n’avaient pas le droit de combattre en boxe française. Que de bons souvenirs j’ai pu rapporter de ces murs pleins d’histoire !

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Mohammed Oudji a entraîné de grands champions comme récemment le boxeur Nicolas Entremont, champion de France de boxe française.

Comment s’est développé le club de l’Amiens SC Boxe ?

Côté développement du club, je me battais déjà à l’époque pour avoir une salle spécifique boxe. Et maintenant, on en compte trois différentes et j’ai été à l’origine de la formation des différents entraîneurs du club comme Frédéric Douillot, Rachid Thairi, et Mohammed Meraoui. Je suis heureux qu’ils aient pu voler de leurs propres ailes aujourd’hui et se préformer dans les différentes variantes de la boxe.

Ensuite, on a créé un club de boxe anglaise avec mon frère en 1996 pour avoir le droit d’organiser. On a organisé différents combats à Etouvie, au Cirque, au Coliseum et voir en même temps l’ascension de Bouziane (Oudji) jusqu’à devenir le premier champion de France amiénois de boxe anglaise en 2001. Aujourd’hui, ça va faire bientôt 40 ans que je suis au service des autres et du bien commun.

Depuis ces années, on n’a jamais cessé de sortir des champions tout en pensant à la relève. Et de ce que je vois, on a une relève pour les dix prochaines années et c’est fortement rassurant pour moi, comme pour l’avenir du club.

Comment vous décririez-vous ?

Du côté du positif, je dirais que je suis travailleur, très proche de mes élèves, et formateur. Mais on a tous des défauts comme au niveau du caractère sur lequel je sais que je ne peux pas plaire à tout le monde mais on reste comme on est. Si tout le monde était pareil, on s’ennuierait pas mal. Pour moi, le plus important est de donner de la confiance à mes élèves et rester à 200% pour eux. Et quand on entraîne dans les quartiers, il faut impérativement savoir se faire respecter car c’est une valeur fondamentale dans la vie et pour avancer pour savoir vivre ensemble. Et c’est donc pour cela que le caractère est fondamental, même s’il ne peut pas plaire à tout le monde.

Ça n’a pas été facile car beaucoup de personnes m’ont dit : petit, le cirque est trop grand pour toi.

Mohammed Oudji – Entraineur de l’Amiens SC Boxe

Pouvez-vous nous parler de votre lien avec le Cirque Jules-Verne d’Amiens ?

J’avais 11 ans et on allait voir l’arbre de Noël et les différentes animations proposées au Cirque Jules-Verne. C’était la première fois que je venais au cirque et je me suis dit que c’était tellement magnifique. Et c’est à ce moment que je me suis dit qu’il faudrait que j’organise un événement là-bas. Pourtant, ça n’a pas été facile car beaucoup de personnes m’ont dit : petit, le cirque est trop grand pour toi. Et on sait tous finalement ce qui est arrivé par la suite. J’avais pourtant pas mal d’expérience sur le sujet car j’ai organisé à plusieurs reprises des soirées dansantes par le passé.

La partie spectacle et lumières était un aspect que je maîtrisais et il m’a suffi par la suite de rassembler les deux, pour, au final, pouvoir organiser plusieurs événements de boxe comme j’ai pu le faire au cours de ces années. J’étais très heureux que Jérôme (Fouache) ait pu organiser un événement dans ce lieu mythique, et c’était une franche réussite pour la boxe amiénoise. On a fait en 2018 les premières finales des championnats de France élite en boxe française, ce qui n’était jamais arrivé dans le nord de la France, c’était un bel événement !

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Depuis 2018 avec BoxFit, Mohammed Oudji a pu concrétiser son projet en rassemblant un grand nombre de licenciés, issus de domaines différents.

Comment vos infrastructures se sont-elles développées au fil des années ?

Aujourd’hui, j’ai beaucoup de travail car j’avais un défi, c’était d’ouvrir la boxe française à d’autres personnes qui n’habitaient pas forcément le quartier Étouvie et c’est en 2016 que cela s’est concrétisé par le biais de Guillaume Duflot et Dominique George, on a pu bénéficier de créneaux au Coliseum et c’est à ce moment-là qu’on a pu créer deux nouvelles sessions. Et en 2018, le Coliseum a pris le dessus sur Etouvie en matière de licenciés. L’idée était d’ouvrir les salles à l’ensemble des licenciés. On a par exemple une jeune boxeuse, Maeva Bourbier, qui est devenue championne de France et qui a commencé la boxe au Coliseum.

Le deuxième projet était de trouver une salle pour offrir, sous une même adhésion, la possibilité de pratiquer plusieurs disciplines. Quand j’ai appris que l’ancienne salle avant BoxFit avait déposé le bilan, nous avons décidé de reprendre cet endroit pour lui donner un peu de fraîcheur et pouvoir ramener ma patte dans cette salle. Quand on a créé BoxFit, on a voulu garder la partie cardio, musculation et on y a ajouté la boxe et ses ensembles. On est fier de ce qu’on a pu construire et aujourd’hui d’atteindre 600 membres malgré le Covid, c’est une franche réussite pour nous. 

Pourquoi ne pas tirer ma révérence en organisant un grand événement sur ces belles années ?

Mohammed Oudji – Entraîneur de l’Amiens SC Boxe

Pensez-vous à la retraite au moment de votre 40ème anniversaire d’entraîneur ?

Je suis en train de la préparer, je suis à présent à un âge où je suis dans la transmission. Je ne cesse de former et on le voit aujourd’hui. L’avenir de la discipline est uniquement axé sur la formation de nouveaux entraîneurs, de nouveaux noms dans la boxe comme par exemple Nicolas Entremont et j’en passe. Je vais fêter mon 40ème anniversaire d’entraîneur l’année prochaine. Et pourquoi ne pas tirer ma révérence en organisant un grand événement sur ces belles années où j’ai accompagné de multiples boxeurs. Je suis en tout cas fier de l’impact qu’a eu ma boxe depuis toutes ces années.

Vous pouvez retrouver Mohammed Oudji et ses entraîneurs à la salle BoxFit Amiens au 26 Rue Lavalard.


Mathieu Tourbier
Crédit photos : DR et Mathieu Tourbier / Léandre Leber – GazetteSports.fr

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