PORTRAIT – Marie Doumayrou, à l’épreuve de Windy City

De son coup de foudre pour le CrossFit aux courses Hyrox, il n’y a qu’une simple histoire de confinement. Marie Doumayrou retrace avec nous son parcours la menant à ses troisièmes championnats du monde d’Hyrox, en juin, à Chicago. Bien évidemment, ce voyage ne se fera pas en courant, mais plutôt mot à mot.

Cela fait maintenant deux ans et demi que la pétillante Marie Doumayrou est tombée dans la folie des courses Hyrox. Une première découverte faite suite au confinement, non grâce à des recherches, mais plutôt par l’intermédiaire de son conjoint, qui « a découvert la discipline sur Internet à la sortie du confinement. » Sans prévenir sa moitié, ce dernier l’avait inscrite à une course et le couple débutait donc une préparation. Marie Doumayrou faisait face alors à des efforts qu’elle aimait bien, dans la continuité de ceux que l’on peut retrouver dans la pratique du CrossFit, juste un peu plus long. Pendant six mois, elle suivait « bêtement sans trop savoir » les séances de son conjoint. Finalement, elle avoue que cela a changé sa vie. Elle se remémore sa première course : « Franchement, je lui ai dit, je crois que tu m’as fait découvrir un truc de fou. Et j’ai senti dès la première course, c’est bizarre de dire ça, mais de sentir qu’enfin, dans un sport, j’étais peut-être douée. » Après moultes remerciement envers celui qui lui a fait découvrir une nouvelle voie, dans laquelle elle se retrouvait totalement, ses participations n’ont fait qu’augmenter, la menant à participer à trois championnats du monde, dont cette année, en juin à Chicago.

Les courses Hyrox, c’est quoi ?

Avant de poursuivre dans le parcours de la Picarde, abordons les courses Hyrox et le principe. C’est avant tout une course fitness, le concept est assez simple, lier la course à pied, à une station d’entraînement fonctionnel. On répète cela huit fois, et voilà, la course est terminée. Dis comme cela, rien de bien compliqué. Maintenant, quelles sont les stations d’entraînements fonctionnels ? L’ensemble des poids mentionnés sont ceux pour les courses femmes pro, en individuelle.

  1. Sled push :
    Sur une distance totale de 50m, divisée en quatre segments, il faut pousser un traîneau, dont la charge est de 152kg.
  2. Burpees broad jump :
    Cette fois, pas besoin de matériel, on réalise un burpee traditionnel (mains au sol, puis position de planche, on descend la poitrine au sol, on se relève en ramenant les pieds vers les mains), suivi d’un saut en longueur à l’arrêt. On répète cela jusqu’à avoir parcouru 80m.
  3. Farmer’s carry :
    Couvrir 200m en portant à bout de bras deux poids de 24kg.
  4. Wall balls :
    On effectue un squat suivi d’un lancer de ballon de 6kg, à une hauteur de 2m74. On répète ce mouvement 100 fois.

Les stations sont toujours les mêmes et dans le même ordre. Entre chacune, il faut courir un kilomètre. Voilà le principe et le concept. Rien de bien sorcier ! Pour finir, on peut réaliser cette course en équipe, mixte ou seul, dans sa catégorie d’âge. Voici les bases de cette discipline venue d’Allemagne. Les fondateurs, Christian Toetzke et Moritz Fürste, ont un objectif assez précis pour leur création : la voir aux Jeux olympiques. Au contraire du CrossFit où chaque compétition est différente, les courses Hyrox sont les mêmes d’année en année. « C’est la même épreuve pour tout le monde, qu’importe la course dans le monde. C’est le même ordre, les mêmes charges, ce sont des données mesurables et qui restent les mêmes d’une année à l’autre. Donc ça peut devenir un sport olympique, ce serait énorme. » Cela pourrait donc jouer en sa faveur, mais malheureusement, pour être au programme du plus grand évènement sportif, il faudra faire de la place en supplantant une autre pratique, ou bien être parmi les trois diciplines choisies par le pays organisateur.

Mary Doumayrou partage sa passion depuis six ans

Le CrossFit, sa passion

Depuis maintenant bientôt une décennie, le CrossFit est la passion de Marie Doumayrou, de par le côté préparation physique générale. Si ce sport est un super tremplin pour l’Hyrox, cela permet également d’entretenir la force, de travailler la mobilité et de développer des aptitudes autres que la course. C’est donc un complément idéal des courses allemandes. En plus de sa pratique, la Samarienne s’est tout naturellement tournée vers le coaching, depuis maintenant six ans. « J’adore mon métier. Je pense que c’est le plus beau métier du monde. La transmission, elle est incroyable » confie la sportive. Si depuis sa découverte de l’Hyrox, elle propose au sein de Crossfit Samarobriva, à Saleux, des séances cardio, qui en vérité étaient de la préparation Hyrox, désormais, le nom de Hyrox peut être attaché à ces séances, car la salle a obtenu l’affiliation. Le succès de ces séances est très important, quasiment toujours complète, et réunissant assez de monde pour organiser une compétition avec quasiment 100 personnes : le Samarox. Une course revisitée par les soins des entraîneurs.

J’aime cette idée de se batailler pour un pays. Je suis chauvin, j’aime bien ce qu’on fait en France.

Marie Doumayrou

Plus jeune, elle avoue avoir « touché un peu à plein de trucs, mais je ne me suis jamais aussi éclatée qu’au Crossfit. J’ai fait de l’équitation, du basket, un petit peu d’athlétisme. […] J’ai fait vraiment plein de sports un peu différents, mais j’avais du mal à me tenir dans une discipline parce que c’était toujours un peu redondant. » Ce côté routinier n’est pas présent dans le CrossFit, qui souhaite pousser dans ses retranchements les athlètes, tandis que les courses Hyrox peuvent l’avoir, cependant elle a découvert qu’elle pouvait « aller bien plus loin que mon potentiel. Vraiment, je me suis éclatée et retrouvée complètement dans ce sport. » Cet aspect mental, de défi à relever l’a instantanément convaincue et bien que, « comme toute crossfitteuse de base, un petit peu le cliché, je détestais courir », réussir à mettre un objectif derrière la course lui a permis de développer ses capacités et ses aptitudes.

Voilà à quoi ressemble un traîneau utilisé durant les stations

Assez étonnament, parmi les neuf activités présentes dans les compétitions, la course n’est pas celle que la Picarde déteste le plus ! Il s’avère que c’est la quatrième station : les burpees broad jump. Car comme elle le décrit si bien : « Imaginez-vous vous allonger au sol et devoir sauter vers l’avant pour avancer sur 80 mètres. C’est long, c’est très, très long. (rires) » Bien qu’elle ne raffole pas des wall balls, c’est régulièrement, l’exercice sur lequel elle parvient à faire la différence.

Les championnats du Monde, une fierté de représenter son pays

Comme mentionné auparavant, une course peut se réaliser en équipe ou en individuelle et il s’avère que Marie Doumayrou a réussi à se qualifier à la fois en individuelle, mais également en équipe avec sa partenaire : Mélanie Carreira. « Ma priorité, c’était l’individuelle, et ça l’est toujours, d’ailleurs. Et puis, avec ma coéquipière, on s’est qualifiées pour les mondes déjà en janvier, mais on a décliné la place, puisque on était déjà toutes les deux engagées sur l’individuel. Au Grand Palais, on a réussi à obtenir notre qualification. Et on se dit que, finalement, ça peut être pas mal de rentabiliser le voyage à Chicago. On le fait après la course individuelle. Donc, on se concentre sur l’individuel, et puis ça, ce n’est que du plus. » Si la course ne change pas, un aspect stratégique vient se lier à cet effort important : « Ma coéquipière étant très, très bonne en course à pied, elle va commencer et finir les stations et moi, je vais prendre au milieu. » Contrairement à la compétition en individuelle, l’effort est en intervalle, proche du sprint.

Pour parler finance, la participation est payante et cela n’est en aucun cas un frein pour la compétitrice : « Ça choque peut-être des personnes, moi ça ne me choque pas tellement, puisque c’est comme ça qu’ils peuvent nous offrir un événement de dingue. Ce n’est pas que sa propre course, c’est quatre jours d’événements où on rencontre aussi les élites, où on représente un pays. C’est quelque chose de très bien organisé, c’est très beau. En tout cas, je comprends qu’on soit obligé de payer sa place. » Heureuesement, ayant assuré sa qualification en solitaire depuis novembre, elle a rapidement pu commencer à mettre de côté pour payer les frais de déplacements et la participation. Si la somme n’a pas encore été amassée, une de ses amies à mis en place une cagnotte en ligne, tandis que les adhérents du club et son entourage la soutiennent. De plus la ville de Montdidier, là où elle réside, aide également en lui ayant obtenu une subvention permettant d’amortir les billets.

Marie Doumayrou est focalisé sur la compétition à venir et peut compter sur ses proches pour la motiver

Bien évidemment, qui dit championnats du monde, dit représentation de son pays. Une fierté supplémentaire pour la Samarienne : « J’aime cette idée de se batailler pour un pays. Je suis chauvin, j’aime bien ce qu’on fait en France. » Animée par l’envie de promouvoir ce sport, elle s’envolera pour Chicago pour retrouver le noyau d’athlètes tricolores présent à cette occasion. Concernant sa préparation, la course au Grand Palais lui a permis de faire le point, en vue de sa participation. Elle avoue que trouver la motivation pour la course à pied, en Picardie et en hiver, a été bien compliqué, mais « je trouve que mentalement, j’ai passé le plus dur. » Actuellement bien avancée dans ses entraînements, elle souhaite avant tout « arriver très confiante le jour de la course. »

Pour sa troisième compétition mondiale, elle a un objectif : la barre des 1h09. En novembre, elle terminait sa course en 1h10 et pense que gagner une minute est à sa portée, par contre, elle reste méfiante, car un jour de course, tout peut arriver. En tout cas, elle pourra compter sur sa positivité naturelle, le support des 500 membres de Crossfit Samarobriva et son conjoint, « vrai pilier dans ma vie ».

Cyprien Baude
Crédit photo : Théo Bégler – Gazettesports.fr

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