ÉDUCATION AUX MÉDIAS : Valentine Roger, une maîtresse qui met les gants

Nous, élèves de CM2 de l’école pigeonnier, avons interviewé Valentine Roger. Cette boxeuse amiénoise nous a fait croire en nos rêves et de ne jamais rien lâcher, découvrez cette interview.

À quel âge as tu commencé le sport ?
« J’ai commencé le sport très jeune (équitation, athlétisme et natation, j’ai touché un peu à tous les sports) mais, la pratique de la boxe à 19 ans. »

Comment gères-tu ta vie quotidienne avec ta vie sportive ?
« J’ai des journées très chargées, de 8H à 17h en tant qu’enseignante, 2 fois par semaine je donne des cours de boxe à des élèves pendant 1 heure à 18h et tous les soirs de 20h à 22h je m’entraine, voire parfois 2 fois par jour comme aujourd’hui, le mercredi et le vendredi avec un préparateur physique pour la musculation et après avec mon coach de boxe ce qui me fait 1h de préparation et 2 h de boxe. »

As-tu dû arrêter tes études pour pratiquer ce sport ?
« Non je n’ai pas arrêté, c’est difficile car il faut beaucoup s’investir dans la boxe et le travail mais j’ai toujours réussi pour l’instant à faire les deux. »

Combien as-tu gagné de médailles et de titres ?
« J’ai 8 titres je crois et 21 victoires. 30 combats. J’ai donc 8 défaites, un match nul. »

Est-ce que c’était ton rêve d’enfant de faire du muay-thaï ?
« Non, parce que quand j’étais enfant je ne savais pas que cela existait et je faisais d’autres sports et je ne pensais pas faire un jour de la boxe, c’est venu par hasard. »

Pourquoi t’être spécialisée dans la boxe thaïlandaise plutôt que française ?
« Au début c’était plutôt par hasard, j’ai un ami, Numa Decagny (champion du monde) qui me l’a fait découvrir et j’ai voulu essayer mais je n’y connaissais rien. Je ne regrette pas du tout car il y a tout un univers autour comme cela vient d’un pays avec une culture faite de traditions. »

As-tu déjà participé aux J.O ?
« Mon sport n’est pas aux J.O. Depuis 2 ans on a un agrément (les Jeux olympiques reconnaissent le sport, on parle de sports olympiques mais une fois qu’un sport est olympique pour qu’il soit programmé, ça prend encore du temps. C’est donc bien un sport olympique mais par contre il n’y a toujours pas de compétition. Il y a 2 ans, j’ai eu espoir qu’on y soit en 2024 et d’y participer car je suis en équipe de France mais ce ne sera pas le cas même pour les prochains JO de 2028. Je sais que je ne les ferai pas car je serai trop vieille mais pour les générations futures, il y a de l’espoir. »

Dans quels pays as-tu fait des compétitions ?
« La plupart de mes combats sont en France (une fois à Amiens en amateur en 2014 pour les championnats de Picardie) . Sinon je suis allée en Turquie, en Italie et régulièrement en Thaïlande. Lorsque j’y vais j’y séjourne pour 15 jours, car il faut le temps de s’acclimater, il y a 6 heures de décalage horaire. »

Peut-on avoir des combats mixtes ?
« Non il n’y a pas de combats mixtes (uniquement chez les enfants). Seul le poids et le niveau sont pris en compte. »

Quel a été ton meilleur combat ?
« Le combat où j’ai le mieux boxé c’était à la coupe du monde l’année dernière (2022) en Turquie à Antalya. J’ai réussi à bien boxer et à placer des techniques qu’actuellement je ne sors pas. »

Comment prépares-tu ton combat ?
« Ce qui est difficile, c’est que c’est un sport à catégorie de poids . Je dois être en dessous de celui-ci au moment du combat. Le poids de tous les jours est au dessus de 2 à 3 kilos de ce qu’on doit être pour un combat. On fait donc un régime qui n’est pas très bon pour la santé… Souvent ce qu’on fait aussi c’est que l’on perd un peu d’eau car on va arrêter de boire et de manger la veille pour descendre en poids. Pour perdre de la masse, sur les 3 aliments obligatoires (féculents, légumes et les protéines) on va baisser les féculents et augmenter les lègumes. Alors que pour prendre du poids, on va augmenter les féculents. Faire le bon poids est une contrainte car il faut toujours se surveiller. Je n’ai jamais plus de 2 kilos à perdre donc cela reste raisonnable mais difficile quand on est déshydraté. Au niveau de mes excès, je ne suis pas vraiment un exemple sur l’alimentation. Je me suis faite accompagnée par un diététicien. Par rapport à mon niveau, je ne mange pas très bien. Plusieurs fois dans la semaine, je mange des pizzas, du Mc Do mais c’est tellement difficile que si l’on ne se fait pas plaisir c’est compliqué sur le long terme. Même si je fais 2 heures de sport par jour je ne prends pas de poids mais la nourriture c’est comme un carburant, et donc si l’on ne met pas un bon carburant on a moins d’énergie ! »

Qu’est-ce que cela te fait d’être championne de France ?
« C’est beaucoup de fierté, on est content de soi. J’ai été championne de France professionnelle en 2023 pour la première fois. Cela fait 12 ans que je boxe donc c’est beaucoup d’efforts et on a l’impression d’avoir réussi quelque chose pour lequel on travaille depuis longtemps. »

Jusqu’à quel âge peut-on faire des combats ?
« Il y a une limite, c’est 37 ans je crois. On peut faire une dérogation en expliquant pourquoi on veut continuer et il y a je pense plus d’examens médicaux. »

A quel âge penses-tu arrêter ?
« Je ne sais pas. C’est difficile car cela fait 10 ans que je pense que c’est ma dernière saison et puis en fait il y a toujours de nouveaux objectifs qui arrivent . Et c’est aussi une grosse partie de ma vie et si j’arrête cela va faire vide. Et tant que je prends du plaisir je continuerai. »

Que comptes-tu faire après au niveau du sport ?
« Je ne sais pas du tout, je ne peux pas répondre car c’est difficile. Je me suis déjà posée la question, je ne suis pas sûr de pouvoir m’entraîner juste en loisir. Ce serait trop difficile pour moi car cela me rappelerait trop de souvenirs. Je donnerai des cours ou je ferais un autre sport. »

As-tu une vie de famille ? Les enfants sont-ils compatibles avec ce sport et les compétitions ?
« J’ai une vie de famille, j’ai un chat ! (rires). Je n’ai pas d’enfant et oui c’est compatible même si c’est difficile pour les personnes qui en ont parce que cela modifie le corps. Pour revenir après une maternité c’est beaucoup d’efforts pour retrouver son poids d’avant. »

Combien de temps dure un combat ?
« Il y a 2 types de combats. Pour les championnats de France, il y a 5 rounds de 3mn chacun donc en tout cela fait 15mn de combat. On ne dirait, pas mais c’est très long ! A l’international, quand il y a plusieurs combats sur une courte période, on met les protections (casque et protèges tibias) et du coup c’est 3 rounds de 3mn. Comme on va avoir plusieurs combats, c’est plus court et on est protégé ! »

Est-ce un sport dangereux ? Le conseillerais-tu à tout le monde ?
« Oui c’est un sport dangereux car il y a quand même des coups mais il y a des sports comme l’équitation qui sont tout aussi dangereux. Je le conseille qu’aux personnes qui en ont envie, que ce soit des filles ou des garçons. En France, il y a plein de choses pour protéger les enfants. C’est à dire qu’ils ont juste le droit de toucher et non d’appuyer. Ils n ‘ont pas le droit de se blesser et si un enfant blesse un autre il est disqualifié. »

Cela ne vous intéresserait pas d’apprendre le muay-thaï aux enfants ?
« Si car j’aime beaucoup travailler avec les enfants. Je donne des cours plutôt avec des adolescents mais oui j’aime beaucoup, c’est chouette. »

Valentine Roger c’est une incroyable boxeuse, énergique qui nous a transmis sa motivation. Nous lui souhaitons d’aller le plus loin possible dans sa carrière et dans le muay-thaï.

Les CM2 de la classe de Rébecca Denis de l’école pigeonnier d’Amiens : Hassan, Méris, Elif, Norelyss, Zeinaba, Jahyaa, Lorenzo, Sherwin, Maryam, Adam EL, Rahig, Léa, Rania, Larose, Carla, Nacim, Diamante, Adam M, Tifanie, Nihal, Jessica, Behishta.
Crédit photo : Léandre Leber – Gazette Sports


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