SPORT HANDICAP : Tout baigne au Collège Sagebien

En charge des cours de natation proposés au Collège Sagebien, Davy Oger nous a accordé une interview dans le but de revenir sur son parcours et ses liens avec les élèves qu’il encadre.

Professeur d’Education Physique et Sportive depuis 2018, Davy Oger a gravi les échelons pour devenir le mentor de plusieurs jeunes en situation de handicap, qu’il est devenu aujourd’hui au Collège Sagebien. « J’ai fait des études à la base pour être prof d’EPS et je ne suis pas rentré dans le moule de l’éducation nationale. Je n’ai pas eu mon concours et j’ai arrêté, puis j’ai refait une licence pour me spécialiser dans le handicap. J’ai passé mon Brevet d’Etat handisport, et ensuite je me suis un peu cherché et j’ai atterri au comité départemental de handisport durant une grosse dizaine d’années. Après un licenciement économique il a fallu rebondir assez vite. J’étais spécialisé dans le handicap, le collège Sagebien avait un dispositif autour de cela et était beaucoup tourné sur l’inclusion, donc j’ai repassé un master. Il a fallu remettre la tête dans les études, pas évident quand on a une vie de famille, pas évident de revivre en tant qu’étudiant pendant deux ans. »

Accueillant de nombreux enfants qui sont touchés par des handicaps moteurs ou mentaux, Davy a toujours su s’adapter. Actuellement, des cours de natation spécifiques au Collège Sagebien ont lieu tous les mardis et jeudis soir, pour les dispositifs Ulis mais pas que. « Eleanor, l’une de mes élèves, est valide. Je l’ai en classe et elle est volontaire pour venir nager avec les autres. On partage les choses, les valides et handi peuvent nager et on fait une équipe mixte. »

Ce dernier connaît les caractères de chacun, allant même jusqu’à nous analyser leurs habitudes. Avec une pointe d’ironie, l’entraineur témoigne ces mots : « C’est un public avec lequel on est beaucoup en négociation, on pourrait être commerciaux (rires). Il y a un peu la carotte à chaque fois, c’est le côté sympathique. On a des liens particuliers, c’est pareil avec les parents, on échange beaucoup.« 

“Mettre un coup de projecteur ça leur fait du bien, ils se sentent réellement valorisés. Ils sont fiers, ils en parlent, et c’est sain.”

Davy Oger

En plus de donner un accès à la pratique auprès de ces jeunes en situation de handicap, les cours de Davy Oger ont également fait leur preuve en compétition. Les jeunes nageurs ont remporté le titre de champion de France dans les classes de quatrième et troisième il y a deux ans, et même celui de champion de France mixte l’an dernier. Une fierté pour le coach qui rappelle néanmoins tout l’encadrement nécessaire au bon déroulement de ces compétitons : « La préparation va surtout consister à gérer les émotions, les cadrer, à être rigoureux sur les consignes et le déroulé des épreuves, sinon ils vont être perdus. Donc il faut que tout soit bien cadré pour ne pas qu’il y ait de failles, et quils soient concentrés sur ce qu’ils ont à faire. Et pour ça, dans ces compétitions là, on a ce que l’on appelle une jeune coach, qui va encadrer les autres. Je lui donnerais toutes les informations, et elle s’occupera de gérer les élèves durant la compétition. Elle est nageuse, mais elle aura ce rôle en plus. »

Ils sont motivés, ils viennent me chercher pendant la récréation en me disant “on y va ? »

Davy Oger

Ces cours font des heureux et attisent la curiosité de nombreux élèves, mais les moyens humains ne limitent pas l’interrogé qui met néanmoins un système de tests en place : « En fin d’année, vers mai-juin, je passe un message à tous les élèves en disant que je vais faire des tests. Je les teste sur les chronos, sur les nages, sur du sauvetage, avec un barème et après, je sélectionne. Je soumets la liste de sélection et ensuite on fait en sorte de les mettre dans des classes avec des aménagements pour pouvoir les libérer pour la natation. Avoir un emploi du temps adapté et aménagé pour qu’ils puissent avoir du temps soit le mardi, soit le jeudi, soit les deux pour certains. On ne veut pas énormément d’élèves dans la section, mais on peut monter jusqu’à 12-15. Si je pouvais en accueillir plus, je le ferais. Sachant que le jeudi, j’essaie de prendre un groupe pour travailler la performance et le mardi, ceux qui savent nager mais qui sont moins débrouillards. On est vraiment sur une démarche d’apprentissage pour ensuite essayer de faire une passerelle et pouvoir les faire venir sur les cours du jeudi. »

Comme en témoigne l’harmonie des rires entre élèves lors de l’entraînement du jour, il est clair qu’au-delà de la compétition, ce sont d’authentiques moments de vie que viennent chercher ces jeunes nageurs.

Interview : Soumaya Djemaa / Rédaction : Kevin Devigne

Crédit photo : Louis Auvin – Gazettesports.fr

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