ARBITRAGE : Un arbitrage peu commun pour une discipline pas banale
Au roller derby, sport peu connu du grand public, apparu en France il y a une douzaine d’années, l’arbitrage est composé de particularités quelque peu différentes des autres disciplines.
Le roller derby est un sport de contact se pratiquant sur une piste ovale en intérieur. Il y a 4 défenseurs et 1 attaquant dans chaque équipe, ce qui fait 10 joueurs sur le terrain. L’attaquant doit franchir les défenseurs adverses pour marquer un point, s’il dépasse les 4 défenseurs, ça fait 4 points. L’attaquant fait un tour et peut re-marquer des points et ainsi de suite. La partie est découpée en petites phases de jeu de 2 minutes, avec deux périodes de 30 minutes. Le roller derby a intégré la Fédération Française de Roller et Skateboard depuis plusieurs années et des championnats sont organisés.
Nizar El Hariri, arbitre de la discipline et adhérent à l’Amiens Roller Derby, confie avoir commencé il y a quelques années « parce que j’ai vu des affiches de recrutement. Par curiosité je suis venu, je n’avais jamais patiné avant. J’ai vu ce sport qui est assez complexe à arbitrer et ça m’a donné envie de le faire. » L’arbitre samarien note également l’absence d’équipe de garçons sur Amiens, ainsi qu’un important besoin d’arbitres dans ce sport, puisque c’est un sport amateur. « Je suis licencié au club et affilié à l’Association Française de Roller et de Skating (AFRS), affirme, j’ai un numéro de licence officiel et je suis arbitre officiel. »
Formés sur le tas en tant que “ghost”
Au roller derby, il y a les arbitres sans patins et les arbitres avec patins. Nizar El Hariri indique que « les arbitres sans patins sont les petites fourmis dans l’ombre qu’on ne voit pas, mais c’est grâce à eux que le match peut se dérouler. Et les arbitres à patins dirigent le jeu et envoient les fautes. Parmi les arbitres à patins, il y a encore d’autres types d’arbitres. Ceux qui dirigent le jeu et les fautes de pack, c’est-à-dire les fautes de positionnement. Et les arbitres extérieurs, les OPR (Outsides Pack Refs) qui sont là pour signaler les autres fautes, on n’a pas le droit de taper dans le dos, de taper sous le genou. Ces arbitres sifflent ces fautes, annoncent le nom, la couleur et le numéro du joueur, ou de la joueuse pour l’envoyer en « prison » où il/elle purgera une peine de 30 secondes. »
Pour ce qui est de la formation, l’arbitre amiénois précise que l’on « se forme sur le tas, c’est-à-dire qu’on commence en tant que ghost, arbitre fantôme, on n’a pas de rôle mais on regarde ce qu’il se passe. Et quand on se sent assez confiant, on fait notre premier match. » L’adhérent à l’Amiens Roller Derby précise qu’ensuite « il y a des formations pour devenir arbitre officiel de la WFTDA (Women’s Flat Track Derby Association), ce que je ne suis pas encore, il faut plusieurs stages pour avoir une certification. »
“On accueille tout le monde, peu importe le sexe, les orientations sexuelles etc.”
Nizar El Hariri, arbitre de roller derby
Étant donné qu’il existe différents rôles au sein d’une équipe d’officiels encadrants, chacun est spécialisé dans une tâche précise. « En général, on effectue tous les rôles, jusqu’à trouver celui qui nous plaît. Mais une fois qu’on l’a trouvé, c’est vrai que la formation est différente, on peut se concentrer plutôt sur un certain côté des règles. »
La discipline arrivée des États-Unis réserve d’autres surprises. Du le bord de la piste, on peut entendre les arbitres s’exprimer en anglais. « Vu que c’est un sport américain, quand il est arrivé en France, on a gardé la langue anglaise, justifie l’arbitre à patins d’Amiens. Pour communiquer entre nous, on parle en Français, mais tous les termes du jeu sont en Anglais. »
L’une des caractéristiques les plus importantes de ce sport vient du fait que c’est un mouvement féministe qui est à l’origine de sa création. « Ça s’est transformé avec les années en mouvement inclusif. On accueille tout le monde, peu importe le sexe, les orientations sexuelles etc. Tout le monde est accepté dans ce sport » affirme Nizar El Hariri. Ce qui explique la présence d’arbitres et de certains joueurs masculins ou non-binaires au sein d’équipes « féminines ».Comme c’est parfois le cas pour différents sports au niveau amateur, au roller derby il arrive que des joueuses ou joueurs intègrent le camp des arbitres le temps d’une rencontre. Amanda Dacoreggio, présidente et joueuse de l’équipe première d’Amiens, confie que « c’est difficile quand on arbitre un match d’une équipe de chez nous de rester neutre, de ne pas avoir d’émotions, cet effort de retenue n’est pas toujours évident. Il faut rester impartial mais on connaît bien les rôles qu’on a et on s’y tient. C’est un effort mental important. » Corentin Savineau, coach de l’équipe, ajoute que « ça aide à être meilleur joueur à côté car en voyant les choses de l’extérieur, on se rend mieux compte de certaines choses. On voit la progression dans le jeu chez les joueurs qui ont des expériences d’arbitrage. Ça aide aussi à prendre du recul en match et à être plus indulgent avec les arbitres. »
Découvrez le reportage vidéo réalisé par nos équipes à l’occasion du Pack Attack de l’Amiens Roller Derby
Maxime Vauchel
Crédit photo : Kevin Devigne – Gazette Sports
Interview : Maxime Vauchel
Réalisation : Valentin Delaby / Montage : Quentin Sezille
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