MIXITE : « Pour nous, on n’a pas d’inégalité de traitement »

Dans le club amiénois de Kung-Fu Wushu, 40% des licenciés sont des femmes, et tout le monde est traité de la même manière.

Le Kung-Fu est le terme occidental du Wushu traditionnel. Cet ensemble d’arts martiaux chinois, qui existe depuis plusieurs siècles, comporte quelque 130 styles et plus de 6000 chorégraphies différentes, qui se pratiquent avec une arme ou à mains nues. En comparaison aux autres sports de combat, le Kung-Fu est bien plus complexe, du fait de son nombre nettement supérieur de mouvements. Certaines disciplines, comme le Tai-Chi, sont plus douces et sont en corrélation avec la médecine traditionnelle chinoise. En termes de mixité, les femmes sont plus nombreuses dans ces disciplines, qui travaillent surtout la souplesse et l’endurance. L’objectif est de capter l’énergie ainsi que l’équilibre grâce à plusieurs dizaines de mouvements, le tout dans une lenteur extrême. Les hommes, quant à eux, privilégient la puissance et la vitesse.

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A Amiens, le club a été fondé en 1993 par Philippe Nguyen, qui continue d’exercer au poste d’entraineur. En ces trente années, plusieurs champions ont obtenu de nombreux titres nationaux, européens, ou encore mondiaux. Notamment en décembre dernier, avec la médaille d’or de Yann Nguyen en Indonésie. Les futurs espoirs se portent également sur Rubis Nguyen, multi championne de France et qui vise plus haut : « Aux championnats du monde juniors, j’ai terminé 7ème en Tai-chi et 4ème en éventail. Mon objectif est de devenir championne du monde en Tai-chi« . Une affaire de famille donc, où les enfants débutent dès leur plus jeune âge. « C’est plus une tradition familiale, comme j’ai commencé depuis toute petite, j’ai juste continué chaque année« , confirme l’adolescente. Par ailleurs, l’aînée de la fratrie sera bientôt maître de Kung-Fu.

Philippe Nguyen dirige les entrainements de Tai-chi, majoritairement composés de femmes.

Femmes et hommes sur le même piédestal

Rubis Nguyen confirme que chaque genre est traité de la même manière en Kung-Fu : « Dans le sport en général je dirais qu’il y a du sexisme, mais le Kung-Fu est un sport très égal. Les catégories sont divisées entre filles et garçons mais il n’y a pas de choses distinctes entre les gens. La mixité n’est pas autorisée. En compétition internationale je ne pense pas que cela soit possible. Ce qui me plaît, ce sont les valeurs de ce sport. Cela peut également me permettre de me défendre ou d’être en offensif« . Son père, Philippe, ajoute « qu’il n’y a pas d’inégalités, le traitement entre les femmes et les hommes est le même« .

D’après le président du club, 80% des personnes pratiquant le Tai-chi sont des femmes. La preuve en est que lors de l’entrainement, un seul homme était présent. L’âge est aussi un critère à part entière dans cette discipline. « Quand ils sont jeunes, ce sont les hommes qui pratiquent plus. Le problème c’est que les hommes tiennent moins longtemps, à partir de 40 ans ils ne pratiquent plus. Les femmes pratiquent beaucoup plus vers 40-50 ans« , assure Philippe Nguyen.

Rubis Nguyen, 17 ans, a pour objectif d’atteindre la première marche du podium aux championnats du monde de Tai-chi.

Techniquement, les femmes sont plus adroites, plus agiles, et plus souples. En revanche, les hommes sont plus puissants et rapides dans l’exécution des mouvements. L’entraineur amiénois poursuit par la pédagogie : « Je ne crois pas que c’est plus facile d’enseigner à une femme. Par exemple pour les sauts, elles ont beaucoup de difficultés, que ce soit en longueur ou en hauteur, ou pour les pivots, là c’est très difficile. Elles n’arrivent pas à monter le diaphragme en général. Et puis il y a question du cardio vasculaire par rapport aux hommes aussi. Par contre, sur la souplesse et la coordination, elles ont tendance à maîtriser davantage« .

Comme dans la plupart des sports de combat, les hommes ont tendance à privilégier l’affrontement. Même si dans la philosophie chinoise, l’objectif est de gagner sans recourir à la force. Le club enseigne des techniques de chorégraphie pour dissuader l’adversaire. Le Wushu est une forme d’art. « Il y a des valeurs féminines comme la beauté et la grâce, et on adore ça. Pour nous on n’a pas d’inégalité de traitement« , conclut Philippe Nguyen.

Romain Ales
Crédit photo : Kevin Devigne – Gazette Sports

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