SPORT SANTÉ : « Le sport réduit de 20% la survenue de certains cancers »

Le sport est bon pour la santé, surtout quand la pratique est encadrée. C’est également un élément de prévention de plusieurs cancers et une source de bien-être précieuse après la maladie, voire pendant le traitement.

L’aviron, 1er sport pratiqué par Martine Modeste (illustration).

Amiénoise dynamique, Martine Modeste, 65 ans, dégage une bonne humeur contagieuse. « J’ai fait du sport assez intensément quand j’étais jeune. Les championnats de France d’aviron par exemple, à 17 ans, avec Amiens et j’avais terminé 3ème. J’ai joué aussi au basket et fait du hand au lycée. Le sport a toujours fait partie de ma vie. Puis avec ma carrière professionnelle à Paris, j’ai un peu lâché. Mais je faisais quand même un peu de gym, de la natation et je m’étais aussi mise au golf, avec un classement correct.” Elle dit qu’elle a « un peu lâché »

Puis Martine a été touchée non pas une ni deux mais trois fois par le cancer. Elle a 36 ans, en 1993 quand on lui diagnostique un cancer de l’utérus. Dix ans plus tard, une tumeur est détectée à son sein gauche. Puis c’est au tour du sein droit, à 61 ans. Elle a été opérée à plusieurs reprises, a fait des chimiothérapies mais n’a rien perdu – au contraire – de son envie de vivre.  

Martine Modeste, 2ème en partant de la gauche, a « trouvé le rythme idéal » grâce à l’APA.

Je faisais de la zumba pendant ma chimio

Martine Modeste

Après ses deux premiers cancers, Martine était « un peu fatiguée, avec des douleurs articulaires, musculaires, mais j’allais toujours à la piscine. Et je faisais de la marche. Et lors de mon dernier cancer, j’ai découvert l’APA, l’Activité Physique Adaptée, même si je n’en avais pas vraiment besoin pour faire du sport. Je faisais de la zumba à Conty pendant ma chimio” sourit-elle. 

“Mais l’APA est un plus, car on se fait parfois du mal sans s’en rendre compte. Par exemple, le tir à l’arc n’est pas conseillé en cas de cancer du sein. Le golf, je ne désespère pas m’y remettre un jour, mais opérée des deux côtés, mon swing, c’est pas terrible… »

Bien que déjà sportive, Martine Modeste explique en quoi l’Activité physique adaptée (APA) correspond parfaitement à ses attentes.

Aujourd’hui, le doute n’est plus permis estime le Docteur Jean-Paul Joly, président du Comité Somme de la Ligue contre le cancer. « L’APA devient probablement le soin de support le plus intéressant pour les malades, avant, pendant et après le traitement. » Et c’est sur le cancer du sein, le plus répandu en France, que les effets ont été avérés : « il atteint souvent des femmes jeunes, dynamiques. Et on s’aperçoit que le sport est utile sur les autres cancers féminins, ovaires et utérus. Mais aussi pour les cancers de la prostate et du côlon » poursuit le Dr Joly.

Pourquoi le sport est-il bénéfique ? « Le patient cancéreux a un affaiblissement important de son état général. Avec les conséquences de la chirurgie, de la radiothérapie, de la chimiothérapie, qui peuvent entraîner une perte de confiance, de l’anxiété. Avec la douleur et ses effets limitants, on peut se retrouver en sédentarité complète. On voit d’abord l’état du patient avant la maladie. Déjà sportif, ça va être plus facile de lui proposer une activité et de la développer » souligne-t-il.

Le Dr Jean-Paul Joly

Le sport renforce l’immunité cellulaire

En sachant que l’APA peut également être prescrite par le médecin, auquel cas « un coach va déterminer ce que le patient peut faire. Le 1er intérêt est de réadapter le système cardio-respiratoire, avec des efforts progressifs. La marche et le vélo sont les plus simples, faire son jardin est aussi une activité physique. Le 2ème point, c’est le tonus musculaire. L’inactivité, la dénutrition due à la maladie et au traitement provoquent une atrophie musculaire, la sarcopénie. Le patient se fatigue plus vite, c’est pourquoi la réadaptation musculaire est si importante. L’activité physique peut augmenter jusqu’à 30% le poids des muscles et évite la surcharge graisseuse, qui est un facteur carcinogène (cancérigène ou cancérogène, ndlr) en soi » indique le président du Comité Somme de la Ligue contre le cancer.

En quoi la graisse est-elle un facteur favorisant la survenue de cancers ? Les explications du Dr Joly.

Raison de plus pour se mettre au sport : ses effets sur l’immunité cellulaire. « Notre organisme se défend contre les germes, les bactéries, les mauvaises cellules en la régulant, grâce aux lymphocytes, les globules blancs. Et l’activité physique renforce l’immunité cellulaire, peut-être simplement grâce à l’augmentation du débit sanguin, on ne sait pas exactement. Enfin, 3ème aspect : l’activité physique améliore la qualité de vie, l’estime de soi et la socialisation, si on pratique à plusieurs. »

Des chiffres illustrent l’intérêt du sport, déjà pour la prévention : « Il réduit d’à peu près 20% la survenue des cancers féminins et de la prostate. Il peut faire baisser jusqu’à 40% le risque de récidive du cancer du sein. Pour celui du côlon, qui n’est pas hormono-dépendant, l’activité physique favorise le transit intestinal et le brassage du côlon », réduisant les risques, indique le Dr Joly.

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Le tennis a par exemple des effets bénéfiques pour les femmes qui ont eu un cancer du sein, grâce à la mobilité des bras. « Mais en cas de curage ganglionnaire ou de métastases osseuses, ça va être compliqué. Globalement, le seul effet nocif serait de faire trop de sport si on est déjà fatigué par le cancer. Après, pour les autres cancers, on n’est pas encore sûr que le sport améliore la survie, mais au moins il reconditionne le patient ! »

Quant au malade qui n’était pas sportif, s’y mettre « peut demander un changement de vie radical. Donc il faut y aller très lentement et le motiver, pour au minimum faire de la marche et augmenter progressivement la fréquence. » Des conseils également valables pour tout un chacun.

Vincent Delorme
Crédit photos : Léandre Leber, Reynald Valleron et Vincent Delorme – Gazette Sports

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