SPORT HANDICAP – Isabelle Guitton : « les personnes qui entrent ici sont avant tout des archers et des sarbatins »

Sarb’Arc’Am compte plusieurs adhérents en situation de handicap. S’il faut parfois s’adapter, la philosophie du club reste la même qu’avec les sportifs valides.

Sur une quarantaine d’adhérents au club de tir à l’arc et sarbacane, Sarb’Arc’Am, 12 sont en situation de handicap. Pour autant, Sébastien Guitton nous explique que l’adaptation se fait « facilement ». Et se décline sous deux aspects.

D’une part, Sébastien et Isabelle Guitton estiment que l’important est de comprendre la situation individuelle du sportif afin de lui proposer un activité adaptée. Ainsi, prenant l’exemple de Julien, le premier tireur en fauteuil arrivé au club, Sébastien Guitton explique : « On s’est mis assis, on a tiré assis pour comprendre comment ça se passe, comment on peut faire. » Isabelle Guitton confirme l’importance de la mise en situation avec un exemple personnel : « J’ai un petit souci au bras et on avait organisé un concours virtuel auquel je voulais participer. Pour cela, j’ai pris la potence et j’ai tiré en situation de handicap avec la potence, et maintenant, quand j’explique, je sais de quoi je parle. »

On part de la personne, de sa situation et de ce qu’elle veut faire, c’est ça qui est important.

Isabelle Guitton

D’autre part, et de façon complémentaire, « on discute avec les personnes de ce qu’elles peuvent faire ou non comme mouvement. » L’adaptation dépend ainsi des possibilités, mais aussi des envies des sportifs qui rejoignent le club. « On part de la personne, de sa situation et de ce qu’elle veut faire, c’est ça qui est important », résume ainsi Isabelle Guitton. De façon pratique, elle explicite que « si la personne veut évoluer vers des distances adaptées, elle va dépendre du handisport. Si, par contre, comme les personnes qu’on a aujourd’hui, elles veulent tirer en situation de valides, on va adapter notre pédagogie pour qu’elles arrivent en situation de valides. »

Des approches originales

« En fait, on individualise tout », résume Isabelle Guitton. Soit la méthode qu’emploie, de toute manière, le club avec tous ses adhérents, qu’ils soient valides ou en situation de handicap. Ce que la co-fondatrice du club explique par le fait que, aux yeux du club, « on accueille tout type de personne, quelle que soit sa condition, on ne parle pas de handicap. Les personnes qui entrent ici sont avant tout des archers et des sarbatins. »

Si Sébastien Guitton nous explique que, dans l’optique de l’accueil d’adhérents en situation de handicap, « on a également suivi une de façon à pouvoir connaître les différents types de handicap et de pouvoir s’adapter », il souligne ainsi également que celle-ci se fait aussi beaucoup sur le tas : « En permanence, on est en formation continue pour essayer de faire le nécessaire. » Isabelle Guitton acquiesce : « J’ai eu une formation avec le sport mais j’ai aussi une formation par rapport au handicap avec le boulot. […] Mais nos méthodes, ce sont des techniques qu’on développe nous, ce ne sont pas des choses qu’on trouve dans un livre et qu’on va mettre en pratique. »

Une exception en termes d’approche, les personnes en situation de déficience mentale. Isabelle Guitton nous explique ainsi qu’ils abordent « le tir à l’arc avec un aspect ludique. » Cela passe par une activité de tir à peinture, « avec des arcs d’initiation, avec des flèches avec des embouts en mousse. On le trempe dans la peinture et on les fait tirer avec. Il y a un aspect ludique parce qu’ils aiment bien la couleur et que le dessin, c’est productif. Et si on voit qu’ils accrochent, on va passer avec de vraies flèches. »

Sarb’Arc’Am sur tous les fronts

Au-delà de cette adaptation du quotidien, Sarb’Arc’Am fonctionne aussi autour d’actions, d’initiatives ponctuelles et de projets. C’est ainsi que le club « participe tous les ans » à la Journée Amiénoise du Sport Handicap qui est organisée par des étudiants en STAPS. C’est même là où le club est entré en contact avec Julien, premier archer en fauteuil du club. Le club a aussi été présent au centre Marc Sautelet, aux Scolympiades, dans le cadre d’un partenariat avec la fondation Yves Cotrel, ou encore à l’opération brioches.

En effet, si Sarb’Arc’Am n’est « pas affilié aux fédérations handisport ou sport adapté », Isabelle Guitton reconnaît « apprécier travailler avec eux ». « Ça nous permet de rencontrer un public qu’on ne voit pas régulièrement, explique-t-elle, qui n’a pas forcément l’opportunité de pratiquer, en centre. On met un point d’honneur à essayer de leur offrir cette activité. »

Sarb’Arc’Am était présent à l’opération brioche

Enfin, dernière corde à l’arc des tireurs, des actions de sensibilisation. Avec l’envie de « vraiment changer les regards par rapport à ce qu’on vit tous les jours. » Pour cela, pas question de dévier de méthode avec ce qui marche au quotidien, « l’idée, c’est de plonger tout le monde dans une situation de handicap ou de maladie invalidante » détaille ainsi Isabelle Guitton. Un projet « en réflexion depuis pas mal de temps » et qui doit se concrétiser au sein du club avant de « le proposer aux autres ».

Alors, pas de surprise que le travail de Sarb’Arc’Am ai été remarqué. De quoi être, désormais, « labellisé par l’UFOLEP « Accueil Handicap » ».


Morgan Chaumier

Crédit photo : DR

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