ARBITRAGE : Le district de football de la Somme priorise son développement

L’arbitrage du football amateur est directement lié à une commission des arbitres départementale. C’est elle qui gère principalement la formation d’arbitrage ou la désignation des arbitres sur des matchs départementaux. À ce sujet, nous avons pu échanger avec Jean-Christophe Favereaux, président de la commission des arbitres de la Somme depuis 2005.

Quel est votre rôle en tant que président de la commission des arbitres de la Somme ?

Je gère une commission où il y a une quinzaine de personnes qui sont des arbitres en activité ou d’anciens arbitres. On gère 270 arbitres, dont certains arbitres qui sont au niveau régional, voire au niveau fédéral comme Ruddy Buquet mais sinon dans le district de la Somme, on en a 220 à peu près. Notre rôle est de les gérer toute l’année sur de la formation, sur les évaluations sur le terrain, sur les désignations etc. Chaque semaine il faut qu’on envoie des arbitres sur les matchs en fonction de leur classement, de la difficulté du match, en fonction de critères géographiques (kilométrage pour se déplacer) donc c’est un boulot important. C’est un travail assez lourd.

Combien de matchs sont organisés chaque week-end en temps normal ?

Quand tout va bien, dans le district sur un week-end, il y a à peu près 400-450 matchs qui sont organisés. Ils ne sont pas tous couverts par les arbitres officiels puisqu’on en à peu près 220.. Quand il n’y a pas d’arbitre, c’est un dirigeant d’un club qui officie.

Ce manque d’arbitres vient-il d’un manque de vocation autour de l’arbitrage ou est-ce une situation normale ?

Je vais commencer par nous taper dessus nous-mêmes, peut-être parce qu’on n’a pas fait assez au niveau du district justement pour promouvoir l’arbitrage, pour essayer de susciter des vocations, c’est un travail qui n’a pas été fait. Je m’englobe dedans mais je pense que la prise en compte de la problématique n’était pas suffisante. C’est normalement une priorité du nouveau président, Pascal Tranquille, et de son équipe. En tout état de cause, c’est un peu la condition que j’ai fixée pour continuer ma mission parce qu’on ne pouvait pas continuer comme ça. Donc je leur ai dit, je continue à bosser si c’est une vraie priorité, si on met vraiment des choses en place. Après on sait que c’est aussi l’évolution de la société qui fait que c’est une mission compliquée, qui attire de moins en moins. C’est difficile de garder des nouveaux arbitres au-delà d’une ou deux saisons parce que les premières années sont difficiles… Donc ceux qui s’accrochent, on les garde souvent très longtemps. Il y en a qui s’arrêtent à la première difficulté et on peut l’entendre car parfois ils vivent des choses un peu difficiles.

Je vais commencer par nous taper dessus nous-mêmes, peut-être parce qu’on n’a pas fait assez au niveau du district justement pour promouvoir l’arbitrage.

C’est un vrai sacerdoce d’être arbitre, c’est une vocation ?

Pour tenir, il faut que ça soit une vocation. Si on vient pour de mauvaises raisons, ça ne fonctionne pas. Cependant, il y a beaucoup de gens qui s’y retrouvent, je pense qu’une fois qu’on a réussi à s’installer, à se faire un peu sa personnalité, à se faire connaître auprès des clubs. Il y a une sorte de famille qui se crée. On a des gens qui sont arbitres depuis plus de 40 ans. On a beaucoup de gens qui sont heureux d’arbitrer chaque semaine, même si c’est loin d’être facile.

Est-ce qu’un arbitre est protégé des insultes, des menaces, etc ?

Alors sur ce sujet, Il faut savoir qu’il y a le côté sportif où effectivement un arbitre qui se fait menacer, insulter et qui le relate sur la feuille de match et dans son rapport. Ensuite, il y a la commission de discipline qui traite le dossier et qui, en général, prend des sanctions qui, tout en étant sévères, ne sont pas toujours dissuasives, malheureusement. Mais au moins qui permettent de marquer le coup et de suspendre les joueurs relativement longtemps. Ensuite, il faut savoir aussi que les arbitres sont chargés d’une mission de service public depuis quelques années. Ça veut dire que quelqu’un qui s’en prend à un arbitre tombe sous le coup de la loi. Donc il y a une possibilité, quand un arbitre se fait agresser, de porter plainte. Il y a une protection juridique, une prise en charge par les services de district. Par ailleurs, une association qui s’appelle l’UNAF (Union Nationale des Arbitres de Football), est le garant de cette protection juridique.

Je pense que la vraie problématique, ce sont les gens qui sont autour, derrière la main courante. Ce sont les spectateurs qui eux ne sont pas identifiés par rapport au match. C’est l’environnement qui est compliqué. Le stade de foot, c’est l’exutoire pour le public. J’ai toujours l’habitude de dire que le stade de foot, c’est le seul endroit où l’on peut insulter quelqu’un impunément. On se permet d’insulter quelqu’un qui est au milieu d’un terrain, on ne se le permettrait certainement pas dans la rue. Néanmoins, moi je veux faire passer le message que devenir arbitre c’est aussi embrasser une carrière sportive, c’est se faire plaisir, c’est apprendre des choses, c’est apprendre à prendre des responsabilités, c’est se responsabiliser soi-même..

Le stade de foot c’est l’exutoire. J’ai toujours l’habitude de dire que le stade de foot, c’est le seul endroit où l’on peut insulter quelqu’un impunément.

Est-ce que la féminisation dans l’arbitrage du foot évolue ?

Aujourd’hui dans le district, il y a 270 arbitres pour 15 féminines, donc le ratio est quand même très faible. Il y a du potentiel ! C’est d’ailleurs une cible de la fédération pour essayer de regonfler les effectifs. Cependant, il ne faut pas se cacher, c’est difficile pour une femme arbitre de s’imposer dans un monde d’hommes… Mais certaines y parviennent. Il y a des possibilités d’évolution de carrière rapide pour ces femmes parce qu’il n’y en a pas énormément et que la fédération essaye de les promouvoir.

Quelles sont les qualités requises pour un jeune qui veut se lancer dans l’arbitrage pour réussir au mieux ?

Les qualités qu’on va rechercher, c’est un état d’esprit, la volonté de s’impliquer tout en se mettant au service du foot et du jeu. Des qualités physiques, ça c’est primordial. Des qualités intellectuelles, parce que le règlement du foot est bien plus complexe que ce que l’on peut imaginer. De l’humilité aussi. Ce qu’on cherche surtout c’est une personnalité avec un sens de l’autorité, une façon de s’imposer et un relationnel qui vont faire que ça « matche ».

l y a aussi un élément important dans le déroulement de carrière d’un jeune arbitre, c’est le passage à l’âge adulte. On sait qu’on a des échecs malheureusement, avec des garçons qui ont un gros potentiel et puis qui font des choix personnels, familiaux, professionnels qui font que finalement ça ne va pas au bout. De toute façon, pour qu’un jeune arbitre réussisse, il faut qu’il y ait un entourage, parce qu’ils ne peuvent pas être livrés à eux-mêmes, ils ne peuvent pas se déplacer ou très peu. Donc pour que ça fonctionne, il faut qu’il y ait un encadrement familial propice et ceux qui réussissent, ce sont ceux pour lesquels les parents sont impliqués aussi.

Est-ce qu’il y a des points que vous aimeriez aborder sur l’arbitrage qu’on ne connaîtrait pas nécessairement ?

Il y a un point intéressant, toujours sur le recrutement, c’est qu’une carrière d’arbitre dure plus longtemps qu’une carrière de joueur, avec une bonne hygiène de vie et un entretien physique, on peut arbitrer jusqu’à 55-60 ans.. Donc je pense qu’il y a une cible extrêmement intéressante. Ce sont les joueurs en fin de carrière, c’est-à-dire des gens qui arrivent à 35 ans, qui effectivement sur le terrain commencent à être moins performants mais qui derrière ont encore 20 ou 25 ans éventuellement à faire sur le terrain. Ces gens-là ont un profil extraordinaire car ils ont une énorme expérience. Ils sentent les choses, ils connaissent un peu les tactiques des joueurs et on a vraiment de très bon exemple de garçons qui ont fait le choix à ce moment-là de devenir arbitres et qui ont eu une progression très rapide dans notre hiérarchie et puis ils ont été éduqués par les arbitres qu’ils ont côtoyés tout au long de leur carrière.


Dorian Martin-Maisse et Léandre Leber
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