MIXITÉ – Frédéric Pereira : « Le korfbal, je pense que c’est le sport mixte par excellence »

À l’occasion de notre second numéro sur la thématique de la mixité, retrouvez ci-dessous notre interview avec Frédéric Pereira, responsable de l’antenne d’Amiens du club de korfbal des salamandres

Pour commencer, pouvez-vous vous présenter le club ?

C’est un club qui s’est créé il y a 3 ans et qui est issu d’une fusion entre deux structures, l’une dans l’Oise et l’autre sur Amiens. Du coup on a fusionné il y a 2 ans pour créer un gros club, mais celui sur Amiens existe depuis 2004.

Est-ce que la mixité fait partie de l’ADN de ce sport ?

Le korfbal, je pense que c’est le sport mixte par excellence. Ce sport c’est 4 filles et 4 garçons dans chaque équipe et c’est obligatoire. On ne peut pas venir avec une équipe avec 2 filles et 6 garçons et inversement, là pour le coup c’est 4 filles et 4 garçons dans chaque équipe. Par contre, les garçons défendent sur les garçons et les filles défendent sur les filles. C’est-à-dire que dans ce système de jeu, si on est un garçon on ne va pas avoir le droit de défendre sur une fille, si ça arrive, ça sera tout de suite pénalty ou une faute de jeu, et inversement. Donc du coup même dans notre tactique de jeu, il faut qu’on prenne en compte ce paramètre.

Ce sport c’est 4 filles et 4 garçons dans chaque équipe et c’est obligatoire

On voit que la mixité est un sujet de plus en plus actuel, que pensez-vous de la situation dans le sport ?

Moi qui suis dans le sport depuis pas mal de temps, je ne vois pas de différence par rapport à avant sur la mixité. Je pense que c’est vraiment le regard d’adulte. Même au niveau des enfants, par exemple quand je fais des équipes, j’ai des groupes de garçons et des groupes de filles, ça ne se mélange pas. Je pense que même dans la mentalité des enfants, c’est qu’entre copains, copines. On va dire qu’ils sont conditionnés dès le plus jeune âge. On a beaucoup de retard là-dessus par rapport à d’autres pays.
Par exemple, il faut savoir que le korfbal est un sport hollandais. Pour eux, ce sport, c’est vraiment quelque chose de banal, qui existe depuis 100 ans. Nous en France ça a dû arriver dans les années 80. C’est pour ça que justement la mixité n’est pas encore développée.
Ici, les sports principaux sont : le foot, le hand, le basket et tous ces « sports traditionnels », et les sports traditionnels à part à petit niveau où ils introduisent les filles avec les garçons, ne sont pas du tout mixtes.

Donc les clubs n’ont pas la démarche de créer des sections mixtes ?

Alors, ils peuvent créer des sections mixtes mais très peu de clubs le font. Il faudrait que beaucoup plus de club le fassent et créent des championnats mixtes avec des règles adéquates. Comme, je l’ai dit, dans le korfbal c’est garçon contre garçon et fille contre fille, je ne vois pas comment en foot on pourrait faire ça. Même si on met une moitié de fille et une moitié de garçon dans un match de foot, est-ce qu’on va autoriser les garçons à aller tacler les filles, ça change tout le jeu en fait. C’est difficile de changer les règles pour la mixité.

Le problème c’est que la mixité n’est pas assez médiatisée, par exemple on ne voit pas de sport mixte à la télé.

Dans votre club, quel est le ratio homme/femme ?

On est à peu près équilibré, on a un peu plus de garçons que de filles. Si je prends les deux antennes, c’est équilibré. Après, nous on a été en National et par exemple on se déplaçait à St-Etienne et du coup quand on se déplace loin, ce sont des longs week-ends, et du coup on a du mal à recruter des filles.

Les Salamandres Korfbal Amiens en plein match.

Pensez-vous que les médias sportifs parlent assez du sport mixte ?

Non, il faut en parler beaucoup plus. Le problème c’est que la mixité n’est pas assez médiatisée, par exemple on ne voit pas de sport mixte à la télé. Tout est une question médiatique. Là où je trouve ça dommage, c’est que les JO qui vont bientôt arriver, sont axés sur la mixité cette année, mais il n’y a pas le korfbal aux JO. Pourquoi il n’y pas le korfbal, je ne comprends pas. Pourtant c’est développé dans tous les continents, il y en a en Australie, en Chine, en Corée, etc. Ça commence à se développer quand même pas mal mais je pense que le problème c’est que le ratio de licenciés dans le monde par rapport aux autres sports, n’est pas suffisant pour être aux JO.

Nous vous laissons le mot de la fin…

Au-delà du sport, on se retrouve entre copains, copines, c’est pratiquement une deuxième famille. Après les matchs, l’ambiance est différente d’être qu’entre garçons ou qu’entre filles, ça change tout, l’ambiance est vraiment différente. Moi qui ai connu le foot par exemple, c’est différent, c’est familiale.


Dorian Martin-Maisse et Morgan Chaumier
Crédits Photos : Les Salamandres Korfbal Amiens

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