HOCKEY SUR GLACE : Hugo Aulestiac poursuit son rêve américain
Passé par les Gothiques d’Amiens entre ses 13 et 17 ans, Hugo Aulestiac vit depuis un an aux États-Unis où il a disputé une première saison particulière, perturbée par quelques mésaventures. Malgré tout, l’attaquant de 19 ans reste ambitieux et conserve sa motivation pour atteindre ses objectifs.
Il y a un an, nous recevions Hugo Gallet, qui venait de s’engager avec Tappara, club de la ville de Tampere située au sud de la Finlande. Un an plus tard, le défenseur international français (113 sélections) fait le chemin inverse et retourne à KalPa, également pensionnaire de la première division finlandaise. Lui aussi est formé à Amiens, mais il n’a pas encore la même carrière. À dix-neuf ans, Hugo Aulestiac n’en est qu’à l’aube de la sienne qu’il espère prometteuse. Il met toutes les chances de son côté. Sans non plus se mettre une trop grosse pression. Cet été, il a signé avec les Red Bank Generals (New Jersey), formation d’USPHL Premier avec qui il a déjà disputé quatre matchs la saison dernière.
En haut des gradins du Coliseum, Hugo Aulestiac se remémore ses jeunes années amiénoises. Il se souvient de ses premiers matchs à son arrivée à l’âge de 13 ans à Amiens. « C’étaient des supers moments. Je me rappelle qu’on avait fait le tournoi Pee-Wee en U13, c’était ma dernière année dans cette catégorie, on était partis au Canada. On avait fait un tournoi au Danemark aussi. En play-offs, on a battu Rouen avec les U17. C’était un exploit, depuis des années Amiens n’avait pas battu Rouen, et on l’a fait. Ce sont des bonnes anecdotes avec tout le monde et aujourd’hui tout le monde progresse, on est tous sur une pente ascendante. » Il a ensuite rejoint le pôle espoir en U15 et a aussi évolué avec les U17 avant de passer une année en U20 avec le centre de formation. Aujourd’hui, il est encore en contact avec certains joueurs avec qui il a évolué : Noa Besson, parti à Angers cet été, ou encore Anatole De Mali et Raphaël Opoma Ngombo qui prennent part aux entraînements avec le groupe pro et même à certaines rencontres de Ligue Magnus avec les Gothiques d’Amiens.

Sébastien Amouriq comme mentor : « c’est lui qui m’a appris le hockey »
Avant d’arriver au HCAS, Hugo n’était pas vraiment prédestiné à s’orienter dans le hockey sur glace. Notamment parce que son père était cycliste. Mais aussi parce qu’il a tenté d’autres sports : « J’ai essayé le judo, j’ai arrêté au bout de la première heure, je me suis tordu la cheville. Ce n’était pas pour moi comme la natation où ç’a aussi été un carnage. » Né à Arpajon, dans l’Essonne, la famille Aulestiac déménage plus de 500 kilomètres au sud, à Chambéry. Âgé de 3 ans lors de ce changement, Hugo se considère comme originaire de la cité des ducs. C’est aussi à cet âge qu’il débute le patinage à l’école de la glace. Un jour, Sébastien Amouriq, ancien joueur professionnel chez les Rapaces de Gap entre 1997 et 2003, et alors entraîneur dans les petites sections chez les Éléphants de Chambéry, interpelle les parents d’Hugo en leur proposant d’inscrire leur fils au hockey sur glace. Proposition acceptée puisqu’à cinq ans et demi leur enfant monte sur les patins en se munissant d’une crosse. Un premier contact avec le hockey qui ne le quitte plus jusqu’à maintenant. « J »avais les yeux écarquillés. Quand on est petit, on voit un coach qui a joué en professionnel qui nous entraîne, c’est impressionnant, avoue-t-il. C’est lui qui m’a appris à patiner, qui m’a appris le hockey. C’est l’un des meilleurs entraîneurs que j’ai pu avoir. »
À l’âge de 13 ans, Hugo Aulestiac rejoint le centre de formation des Gothiques et y reste jusqu’à ses 16 ans. Durant ses trois années, le jeune attaquant gravit progressivement les échelons. Il rejoint le pôle espoir U15, U17 et puis le centre de formation U20 où il a joué durant la saison 2023-2024 (14 matchs, 1 but, 2 assists). L’été dernier, Hugo Aulestiac est repéré par les Brooklyn Aviators. « Je n’avais pas fait une si mauvaise saison avec les U20 pour ma première année, j’étais vraiment considéré comme un jeune joueur. Je postais des vidéos et des recruteurs les ont vues et ont été intéressés, raconte-t-il. J’ai signé avec eux, et au bout de deux mois, j’avais fait une belle entame de saison et les Red Bank Generals ont contacté mon coach. Ils me voulaient absolument pour continuer la saison. J’ai signé avec eux. »

Malheureusement pour le natif d’Aparjon, il est coupé dans son élan à cause d’un problème de visa qui l’oblige à rentrer en France pendant trois mois et demi et l’empêche d’effectuer une saison complète de l’autre côté de l’Atlantique. « J’ai pu revenir là-bas et mon club m’a prêté aux Minnesota Mullets pour me donner plus de temps de jeu, parce qu’au fur et à mesure l’équipe s’était construite. » Ces problèmes sont désormais réglés, Hugo Aulestiac dispose désormais d’un visa qui lui permet de rester sur le territoire américain les neuf prochaines années. Et cela tombe bien, il s’est à nouveau engagé avec les Red Bank Generals pour la saison 2025-2026.
« Ils m’ont appelé, ils m’ont dit que je resterai comme un joueur permanent chez eux. J’ai la chance de concourir dans une très bonne ligue avec plus de 50 matchs par saison. C’est aussi l’un des meilleurs clubs de la East Coast (côte est). » Être aligné régulièrement va lui permettre de continuer à progresser dans cette ligue américaine spécifique pour les jeunes joueurs. Les quelques mois qu’il a passés aux États-Unis lui ont déjà permis de s’améliorer dans certains aspects du jeu. « J’ai vraiment progressé dans la vision du jeu. On faisait une à deux heures de vidéo par jour. L’objectif était d’apprendre et de comprendre les placements des copains, où est-ce qu’ils doivent être, la communication entre nous sur la glace. C’était aussi pour nous aider à faire la bonne passe au bon moment. » Il s’est notamment épanoui grâce à la liberté sur la glace que lui a offerte son entraîneur, lequel apprécie grandement sa vitesse de patinage et sa capacité à répéter les efforts, défensifs comme offensifs.
Même dans les épreuves difficiles, je me dis que je ne peux pas lâcher.
Hugo Aulestiac
Pour lui, c’était aussi une année particulière. Il a dû prendre une certaine forme d’indépendance de l’autre côté de l’Atlantique, où il était parti seul il y a un an pour vivre dans une famille d’accueil, dans le quartier de Brooklyn, à New York. « Je trouve que c’est une super culture, et on voit comment les Américains vivent aussi, on arrive dans une maison où ce n’est pas la même manière de vivre, on ne mange pas les mêmes choses non plus. » Malgré ses mésaventures, il aura su s’adapter à sa nouvelle vie. Vivre en quelque sorte le rêve américain. Il faut dire qu’Hugo se montre ambitieux, mais avec de la retenue. « Je ne me ferme aucune porte. Je prends les années les unes après les autres. » Son prochain objectif est déjà en ligne de mire : aller dans le hockey universitaire, la NCAA (National Collegiate Athletic Association). « Ensuite, pourquoi pas aller en pro si j’ai des offres », ajoute le jeune homme.
Ce n’est pas forcément facile tous les jours, mais une chose est sûre, Hugo ne compte pas lâcher. La tête sur les épaules, il espère réussir dans la discipline où il s’épanouit depuis l’âge de cinq ans. « Même dans les épreuves difficiles, je me dis que je ne peux pas lâcher. Depuis tout petit je vais à l’entraînement tous les soirs, je ne vais pas tout arrêter parce qu’il y a un coach qui m’a dit que j’avais fait mal quelque chose. Sur le moment c’est embêtant, mais on repense à tous les efforts, on se dit : « Bon, je n’ai pas fait tout ça pour rien. » C’est avec cette mentalité qu’Hugo Aulestiac espère se faire une place dans le monde du hockey sur glace. Aux États-Unis où il se sent bien, ou en France. Il a encore le temps de voir l’avenir se profiler.
César Willot
Crédit photo : Théo Bégler – Gazettesports.fr et John-S.-Ferrone-Photography (photos transmises par Hugo Aulestiac)