FOCUS CLUB : LE CEAM, UN CLUB CENTRÉ SUR LA FORMATION

Fondé en 1991, le Cercle d’Escrime Amiens Métropole (CEAM) est une structure associative en plein essor, articulée autour de trois sections. Si l’épée, et plus récemment le sabre, sont pratiqués, on y retrouve également une section artistique et de spectacle.

Depuis 2018, sous la présidence de Thibaut Griffart, le CEAM connaît une belle progression. Passé de 130 licenciés en 2017 à 220 aujourd’hui, le club ne cesse d’attirer. Une dynamique qui peut être portée aussi par ses talents en équipe de France : Paul Fortin, actuellement licencié à Douai en U23, et Auxence Dorigo, toujours membre du club, membre du collectif tricolore junior.

Un club formateur avant tout

Historiquement, le club pratiquait uniquement l’épée. La section sportive de sabre, quant à elle, a été implantée il y a seulement six ans. Aliénor, 21 ans, qui a varié les deux disciplines, est aujourd’hui ravie de pouvoir retrouver son arme de prédilection : le sabre. “J’ai fait de la compétition régionale et nationale de mes 9 à 14 ans. J’ai repris récemment en loisir et en compétition par équipe, surtout parce que l’ambiance est sympa.” Elle y décrit un sport exigeant mais très respectueuxCe qui est intéressant, c’est le respect de l’adversaire, sur et en dehors de la piste. C’est vraiment un sport de duel, mais l’ambiance en compétition est sympa. Pendant les 15 touches d’un match, on est en duel, mais sinon l’ambiance est conviviale. Même si c’est un sport individuel, on arrive à avoir cet esprit d’équipe, notamment lors des relais.” Loin d’être aussi simple qu’il n’y paraît, l’escrime est un sport complet : “C’est un sport qui fait travailler le cardio, il faut enchaîner les touches. Il y a beaucoup de technicité, mais aussi beaucoup d’amusement. Cela permet d’avoir un sport assez sociable, car on rencontre plein de personnes et c’est assez enthousiasmant du point de vue de la progression personnelle.” 

Aliénor, sabreuse au CEAM

Un bel exemple de réussite de cette école de formation est Charles Devantoy, jeune épéiste aujourd’hui premier au classement régional et deuxième au national en catégorie des moins de 15 ans (M15). Il a commencé à l’âge de 7-8 ans et nous raconte ses débuts. “J’ai d’abord fait un an ou deux, hors compétition. Ici, on ne pousse pas à tout prix à la compétition, ce qui m’a permis de progresser sereinement. Puis mon maître d’armes, Geoffroy Poyet, m’a proposé de participer aux compétitions, et j’ai commencé à faire des podiums.” La relève est aussi assurée avec de jeunes nouveaux venus, comme Ambroise, 14 ans, récemment licencié. “C’est un ami qui m’a invité à essayer l’année dernière. Cela m’a plu, et j’ai décidé de continuer.” Au sein du club, l’ambiance est également un facteur clé : “C’est une ambiance très familiale, on rigole beaucoup.

L’escrime artistique, une section en pleine expansion ?

Encadrée par Roland Molinié, bénévole investi depuis 2005 et responsable de la section depuis 2007-2008, l’escrime artistique connaît un développement encourageant au sein du CEAM. Deux entraînements hebdomadaires sont proposés, le mardi et le vendredi.

La section regroupe plusieurs disciplines. “Il y a l’escrime ancienne, l’escrime artistique et les arts martiaux historiques. L’escrime ancienne, c’est la reconstitution historique avec un souci du détail et du geste. Les arts martiaux historiques mettent l’accent sur les combats en armure. Quant à l’escrime de spectacle, elle met en scène des cascades, des duels comme dans les films d’aventures, de Zorro à d’Artagnan”, explique Roland Molinié. Cela peut s’inspirer de l’histoire réelle ou bien laisser place à l’imaginaire, comme avec le sabre laser. 

Cette pratique mêle mouvements d’escrime et dimension théâtrale : “C’est plus un travail artistique que sportif. Les gestes y sont utilisés pour raconter une histoire. Il n’y a pas de logique d’opposition, mais un vrai travail de partenariat, comme en patinage artistique ou en natation artistique.” Si des compétitions existent en escrime artistique, le CEAM privilégie pour l’instant l’aspect spectacle et animation comme lors de repas de fête récemment, ou il y a deux ans, lors d’une soirée au stade de la Licorne pour Octobre Rose.
Dans les représentations, les pratiquants évoluent sans casque, rendant la maîtrise des gestes et la sécurité indispensables. Aujourd’hui, la section compte une quinzaine de licenciés, certains pratiquant également une des sections sportives. Un essor salué par Thibaut Griffart, président du CEAM “On est très heureux de voir l’escrime artistique se développer. Il ne faut pas oublier qu’une nouvelle arme arrive également : le sabre laser.

Thibaut Griffart, président du CEAM depuis 2018

La vision du club vue par le président

Thibaut Griffart est un président très investi. À la tête du CEAM depuis 2018, il est aussi président du comité départemental d’escrime de la Somme, de la ligue des Hauts-de-France, et membre du comité directeur de la Fédération française d’escrime (FFE). Lui-même pratiquant depuis ses six ans, il est très attaché à son club d’origine. “Mon père a été président de 1998 à 2008”, explique-t-il. Après une pause pour ses études et un séjour à l’étranger, Thibaut Griffart est revenu s’installer à Amiens en 2017, reprenant le flambeau l’année suivante.

Sur le plan sportif, sa philosophie est claire : “Au club, on ne fixe pas d’objectifs impératifs. Nous sommes avant tout un club formateur et un lieu de loisir. Bien sûr, ceux qui souhaitent faire de la compétition ont leurs propres objectifs, et nous les accompagnerons dans l’atteinte de ceux-ci.” S’il avoue quelques ambitions à moyen terme, il reste prudent. “Si un jour nous avons une équipe structurée en Nationale 1 ou en Nationale 2, avec des objectifs de montée ou de maintien, ce serait formidable. Mais aujourd’hui, ce n’est pas une priorité. Disons que, dans deux ans, envisager la Nationale 2 pourrait devenir un objectif. Même si, pour l’instant, ce n’est encore qu’une idée.

Geoffroy Poyet, maître d’armes du club depuis une quinzaine d’années, partage cette ambition mesurée. Il espère qualifier des tireurs seniors aux championnats de France et monter l’équipe épée en Nationale 2. Côté sabre, un podium en Nationale 3 est visé pour décrocher l’accession. Cette progression sportive serait aussi un levier pour obtenir davantage de soutiens financiers et poursuivre la formation de jeunes talents. 

 Geoffroy Poyet, maître d’armes au CEAM depuis 2011

Mais pour Thibaut Griffart, l’essentiel reste que “les licenciés prennent du plaisir, qu’ils soient satisfaits de leur séance ou de leurs résultats en compétition. Je serai d’autant plus content s’ils font un bon résultat, car c’est le club qui en bénéficiera.” Il veille aussi à préserver l’esprit familial du CEAM. “Je tiens à ce que tout le monde passe un bon moment, sur la piste comme en dehors. Après l’entraînement, il n’est pas rare de partager un verre ou un goûter entre copains.
Enfin, le club continue de cultiver ses valeurs de formation et de responsabilité.On est attentifs à la discipline dans la salle, sans être rigides. Nous encourageons et accompagnons ceux qui veulent devenir arbitres ou maîtres d’armes. L’important est que chacun progresse à son rythme, dans le respect de l’autre. Il est important que chacun puisse avoir sa liberté.

Fort de ses valeurs de formation, de plaisir et de respect, le CEAM continue de grandir, porté par ses jeunes talents et ses bénévoles passionnés. Une dynamique prometteuse, fidèle à l’esprit d’un club qui conjugue progrès et partage.

Léo Coulombel
Crédit photos : Théo Bégler et Kevin Devigne – Gazettesports.fr

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