SOCIÉTÉ : Les stéréotypes de genre dans le sport
Encore aujourd’hui, les stéréotypes envahissent notre vision sur le monde qui nous entoure, notamment dans le sport, particulièrement pour ceux jugés « pour les hommes » comme par exemple le hockey sur glace.
Les stéréotypes sont parmi nous depuis toujours, ils sont là pour coller une étiquette sur ce que l’on doit faire en tant qu’individu pour rester dans les « normes » de la société. L’exemple le plus simple est probablement les fameuses couleurs rose et bleu. Selon les clichés, la couleur rose est faite pour les filles et le bleu pour les garçons, ou encore le sac à dos spécialement pour les JO de couleur rose qui était plus cher que le bleu. Malgré la petite évolution des stéréotypes, comme pour les jouets pour enfants, où l’on peut voir pour une pub de voiture, des filles jouer avec des jouets pour « garçons », ceux-ci restent malheureusement présents comme dans le sport ou les mentalités elles, n’évoluent pas.
En tant que sportive, les stéréotypes ont toujours fait partie de mon quotidien d’une certaine manière et dans n’importe quel sport. En effet, le sport, en général, est considéré comme un domaine plutôt masculin. Il contribue à la création de « cases » et de « critères » selon les capacités physiques des individus, les femmes étant considérées faibles et les hommes forts, comme un phénomène naturel.
Les activités considérées comme plus propres aux garçons sont, par exemple, le football, le rugby, les sports de combat, le basket-ball, la musculation, le hockey, etc. Les activités considérées comme plus appropriées aux filles sont la danse, la gymnastique, le patinage artistique ou autres activités esthétiques et de disciplines où il n’y a pas de contacts. Enfin, les activités considérées comme (mixtes ?) convenant aux deux sexes sont le badminton, le volley-ball, la natation, l’escalade, le tennis, le tennis de table, la course d’orientation, l’acrosport, le golf, la pétanque, le cirque, etc.
Le hockey sur glace : un sport de brutes ?
En tant qu’ancienne joueuse de hockey sur glace, de nombreux garçons me rabaissaient en tant que seule fille du club et ne me laissaient pas jouer sous prétexte que comme j’étais une fille, je ne pouvais pas marquer. Le hockey sur glace est un sport de plus en plus populaire en France aujourd’hui, et malgré son origine canadienne, il n’en demeure pas moins le 8ème sport le plus pratiqué au monde, notamment grâce à la célèbre Ligue NHL regardée dans le monde entier. Cependant, la présence de femmes dans le domaine du hockey sur glace suscite encore nombre de critiques : “Pourquoi ne pratiques-tu pas un sport moins agressif comme la ringuette* ou le patinage artistique ? », « tu te débrouilles plutôt bien pour une fille » ou encore « est-ce que c’est vrai que toutes les joueuses de hockey sont lesbiennes ? »
Ces phrases, Zoé Philbert, étudiante canadienne en communication, les a entendues à maintes reprises entre le primaire et le cégep (le collège en France), alors qu’elle jouait dans une ligue de hockey organisée.
À ces stéréotypes sur les hockeyeuses s’ajoutent les inégalités flagrantes vécues par les athlètes professionnelles. Sidney Crosby, le joueur de hockey le plus célèbre au monde, touche un salaire annuel proche des 10 millions de dollars. Marie-Philip Poulin, surnommée la « Sidney Crosby du hockey féminin », gagnait l’an dernier 1000 fois moins que son homologue masculin, soit à peine 10 000 $ ! L’étudiante se questionne en effet sur le fait que lorsqu’elle assiste à un match de hockey féminin, le prix d’entrée est moins cher que le prix de deux hot-dogs pour un match de la franchise des Canadiens de Montréal.
Elle explique aussi que les commentaires qu’elle recevait provenaient autant de connaissances, de camarades de classe ou de membres de sa famille, de filles que de garçons, de jeunes que de moins jeunes.
Malgré tout, on remarque une évolution concernant l’inclusion des femmes dans le domaine du sport en tant qu’athlète ou autre profession dans le thème. Comme par exemple le football féminin qui a beaucoup plus de visibilité qu’avant, ou encore dans le domaine de l’automobile où plusieurs femmes ont rejoint la F1 Academy comme Bianca Bustamante, pilote philippine ou encore Doriane Pin pilote française.
Cependant, la route jusqu’à un monde où le sport féminin et masculin est au même niveau est encore longue.
Alix Demarly
Crédit photos : Kévin Devigne – Gazettesports.fr
*la ringuette est un sport féminin qui ressemble au hockey sur glace, mais qui se joue avec un bâton sans palette et avec un palet en forme d’anneau.