SPORT ADAPTÉ  : « On voit bien que ça leur procure un plaisir énorme »

Le 4 mai dernier, un tournoi de tennis de table inter établissements était organisé pour les personnes atteintes d’une déficience mentale et psychique. Immersion au sein du club de l’Amiens Léo Lagrange Tennis de Table.

« On n’est pas prêts d’arrêter« . Lors de la remise des récompenses à la fin du tournoi, Jean-Claude Dubois, président de l’Amiens Léo Lagrange Tennis de Table, est rempli d’émotion. Chaque participant reçoit un diplôme. Cette compétition inter établissements a regroupé 41 sportifs atteints de déficience mentale et psychique, allant de l’autisme à la trisomie. Un tournoi basé sur la convivialité et le sourire. Le matin, les matches de poule se sont déroulés, suivis d’un pique-nique le midi. La journée s’est terminée par les matches de classement. « Un sentiment de joie, et une belle réussite » pour le dirigeant.

Aujourd’hui, le club compte dans ses rangs 25 licenciés au niveau du sport adapté. Un nombre que le néo retraité souhaite faire évoluer : « Pour moi c’est une façon d’avoir du challenge. C’est avoir de plus en plus de monde ici. C’est avoir des personnes qui sont un peu renfermées sur elles-mêmes et qui, grâce au sport, sont plus à l’aise avec nous« , affirme-t-il. Jean-Claude Dubois évoque également la relation avec ses licenciés : « J’en pleure, j’ai énormément d’émotion, c’est un domaine que je trouve fantastique. Je pense avoir des relations très simples, ce sont des personnes qui sont brutes de pomme, quand ça va on le sait, quand ça ne va pas on le sait. Pour moi c’est extraordinaire« .

Vincent Kehren, vice-président, est lui aussi submergé par l’émotion : « C’est toujours agréable de voir autant de monde, autant de sourire. C’est bon enfant, c’est toujours dans un bon esprit. C’est toujours beaucoup d’émotion, et de leur faire réaliser des choses, c’est un vrai bonheur. C’est une récompense par le sourire« . Grâce à ce genre de tournois, le club a pu créer une école de tennis de table en sport adapté. L’homme de 52 ans aspire également, avec le Comité Départemental du Sport Adapté, à se diversifier au niveau du sport, et faire apparaître de nouvelles disciplines.

Le sport, un exutoire

Philippe Sustar, qui a participé au tournoi, est atteint d’autisme sévère. L’homme de 62 ans a repris le sport depuis une pause de 15 ans. « J’ai la chance de pouvoir me débrouiller quand je ne suis pas en panique. Et du coup en reprenant le sport, j’ai découvert le sport adapté et très vite cela m’a plu« , raconte-t-il. Le sport lui permet également d’oublier son handicap : « L’avantage du sport, c’est de ne plus être dans l’intellectualisation. Parce que sinon un des mes gros problèmes, c’est qu’on arrive en fin de journée, on a le cerveau en ébullition. Depuis ce matin, je me suis peut-être fatigué au niveau musculaire, mais au niveau pensée, réflexion, ça va très bien. Parce que sinon je suis obligé de porter un casque, parce qu’il y a trop de bruit. Faire du sport, c’est l’idéal, je me décontracte et je ne pense plus à rien, qu’au sport« .

Le sexagénaire désire se consacrer au monde associatif, notamment dans le sport adapté, afin d’aider les plus jeunes « à pouvoir venir au sport, et même les aider à participer. Je parle pour les autistes, c’est dur d’aller au devant d’autres personnes, alors quand il faut essayer un sport que l’on ne connait pas, c’est la grosse panique, donc j’essaie de développer cela« . Au travers de ce tournoi, le sport démontre une nouvelle fois sa capacité à aider les personnes en situation de handicap.

Romain Ales
Crédit photo : Kevin Devigne – Gazette Sports

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