MIXITE : Un combat à l’avantage des boxeuses

Depuis des dizaines d’années, l’égalité femmes/hommes s’améliore dans le monde de la boxe. Le club d’Amiens en est la preuve formelle.

65%. C’est le nombre de licenciées dans le club de l’ASC Boxe. A Amiens, la boxe se conjugue au féminin. Depuis une quarantaine d’années, Mohammed Oudji entraîne des champions, et c’est à partir des années 1990 que le directeur sportif a remarqué une évolution du nombre de femmes en boxe : « Dans les années 1980, j’avais une centaine de licenciés. En général, il y avait 3-4 filles. Cela a commencé à partir de la fin des années 1990 quand le ministère des sports a décidé de développer le sport au féminin, et puis cela a augmenté au fur et à mesure. Aujourd’hui par exemple, dans la section ados, il y a plus de filles que de garçons. Moi qui étais habitué à sortir des champions plutôt que des championnes, je n’avais pas forcément l’habitude de travailler avec des filles. Aujourd’hui pour rien au monde je ne changerais ». L’exemple type est Maëlle Traoré, championne de France en mai dernier à seulement 14 ans.

Mohammed Oudji aux côtés de Maëlle Traoré, sacrée championne de France.

Des cours exclusivement réservés aux femmes sont organisés au centre Boxfit. « Il y a des cours de boxe pour elle, pour mettre en avant le sport au féminin. Il y a une forte présence féminine dans les cours collectifs, et nous comptons la garder, nous faisons les démarches pour en tout cas », affirme Tim Orange, éducateur sportif de l’ASC.  « Tout le monde est logé à la même enseigne, il n’y a pas de différence entre la boxe féminine et la boxe masculine, ce qui fait ce degré de mixité respecté ». Ces entraînements sont un succès, et amènent de plus en plus de femmes, tel un effet boule de neige. Certaines viennent se défouler comme Karine Bayart, agent SNCF : « Cela me permet de me défouler, je suis venue car ma fille pratique la boxe également ». Anna Souply, 17 ans, pratique la boxe depuis quatre ans : « Avant je faisais du judo, mais je n’ai pas aimé. Mon père voulait que je fasse un sport de combat, je me suis dit que je ferai de la boxe. Cela permet également de me défouler, car je suis quelqu’un d’assez anxieuse ». 

A Amiens, les entrainements se déroulent dans la bonne humeur. Et Tim Orange prend du plaisir à former des femmes : « Les filles sont plus méthodiques, plus concentrées. Elles assimilent plus les choses parce qu’elles prennent plus le temps de comprendre. Les garçons sont plus orientés vers le physique et la compétition, ils veulent le combat rapidement, au détriment de la technique. Cela ne fait pas le même rapport, et c’est pour ça qu’on a plus de bons résultats avec les filles, elles progressent plus vite ».

Tim Orange enseigne les fondamentaux de la boxe lors de l’entrainement Boxe pour elle.

Aujourd’hui, Mohammed Oudji assure que plusieurs paramètres provoquent l’arrivée des femmes dans la boxe : « Les parents veulent qu’elles fassent un sport de combat, les filles sont angoissées ou ont besoin d’avoir confiance en elles. Ces cas-là, je ne les avais pas à l’époque ». Un changement d’époque qui est aussi lié à une insécurité plus forte. « Je pense que cela s’est démocratisé aussi à cause de l’insécurité qui s’est développée. Quand on pratique la boxe en tant que femme, se balader dans la rue c’est plus rassurant de savoir se battre et d’avoir les clefs pour », confirme Anna.

A un round de l’égalité parfaite

En dehors du ring, les femmes mènent un combat continu pour l’égalité. Désormais, les boxeuses combattent de la même manière que les boxeurs. Par exemple, elles devaient porter un casque ainsi qu’un protège tibia, ce qui n’est plus le cas. Les combats duraient trois fois 1’30 pour les femmes, contre cinq fois 3’ pour les hommes. Aujourd’hui, tout le monde est logé à la même enseigne. « Les hommes pensaient qu’elles n’en étaient pas capables », ajoute Mohammed Oudji.

Publicité

Mais le combat continue. Il reste tout de même certaines inégalités entre les deux genres. Notamment sur le secteur économique. « Ce qu’on demande aux femmes, c’est travailler plus pour gagner moins en France. Nous c’est boxer plus pour gagner moins. Elles gagnent 30% de moins lorsqu’elles remportent un combat, même si cela s’est bien amélioré comparé à avant », révèle le directeur sportif de l’ASC Boxe. En une trentaine d’années, la boxe féminine a produit un énorme pas en avant. Et à Amiens, les dirigeants ne comptent pas s’arrêter là pour augmenter le nombre d’adhérentes. « Je n’ai jamais été trahi par une femme », conclut Mohammed Oudji.

Romain Ales
Crédit photo : Louis Auvin – Gazette Sports ; Mohammed Oudji DR

1 Comment

  • Alexandre
    1 an ago Reply

    Mohammed et Tim, les meilleurs coachs !

Leave a Comment

Your email address will not be published.

Start typing and press Enter to search