ÉDUCATION AUX MÉDIAS : Un épéiste qui fait mouche

Une classe de CM1 de l’école Voltaire, à Amiens, est allée interviewer Paul Fortin, jeune escrimeur, à la salle d’armes du Cercle d’Escrime d’Amiens Métropole. 

Paul Fortin est un jeune épéiste amiénois de 19 ans. Il commence l’escrime à l’âge de 12 ans grâce à son grand frère. En effet, Paul n’avait pas pour vocation ce sport mais le hasard a bien fait les choses. Geoffrey Poyet, son premier entraîneur, nous explique : « il a fallu plusieurs mois pour que Paul se décide à s’initier à cette discipline. Son frère la pratiquait chaque semaine, il venait d’abord le chercher à la fin du cours, puis 5 minutes avant, puis 10 minutes avant, puis il restait la séance à le regarder… Jusqu’au jour où je lui ai mis une épée dans les mains et je lui ai dit, vas-y, essaye… »

Il a vite appris que dans ce sport il fallait du mental, du physique et de la tactique. Il a pratiqué plusieurs sports pendant son enfance (tennis, football et ping-pong) et été à l’école de cirque, mais il a arrêté rapidement car selon lui, il n’était « pas très bon. »

Paul a quitté son “entraîneur de coeur”

Malgré son attachement important à son premier maître d’armes qu’il définit comme son « entraîneur de cœur », Paul a dû quitter le Cercle d’Escrime d’Amiens pour aller rejoindre celui de Douai. Il s’entraîne depuis quelques mois avec Frédéric Chotin, entraîneur national, qui est aussi entraîneur au Pôle France. Cette décision a été obligatoire afin de lui permettre de se perfectionner techniquement. De plus, étant en école d’ingénieurs, il a dû trouver un lieu proche de son établissement scolaire.

Au niveau de son équipement, Paul a une épée avec une poignée française. Cela permet d’avoir plus de longueur pour toucher. Précédemment, il utilisait une poignée orthopédique ou une poignée dite pistolet. Il a changé parce qu’« on perd un peu de longueur car il faut la tenir jusqu’au bout.»

Pour l’escrime, Paul a trois grands avantages grâce à son physique. Il a le bras long, il est gaucher et il mesure 1,93 m : « dans le haut niveau, on n’est que 30 à 40% de gauchers, les gauchers sont habitués à jouer contre des droitiers, alors que les droitiers ne sont pas habitués à jouer contre des gauchers, ils perdent leurs repères. »

Une tenue blanche, pourquoi ?

L’épéiste nous a aussi expliqué qu’à l’origine, la tenue des escrimeurs était blanche car au début de ce sport, “le match s’arrêtait dès la première goutte de sang. »

Paul est conscient qu’il ne pourra pas vivre de sa passion et qu’il devra travailler en parallèle pour gagner sa vie. En effet, l’escrime est un sport peu populaire et les droits TV sont faibles par rapport au football par exemple. Il poursuit donc sérieusement ses études en école d’ingénieurs. Il aimerait bien « travailler dans l’automobile. La Formule 1 j’adore, concevoir les pièces, les châssis. »

Son seul avantage actuellement, c’est qu’il peut participer gratuitement aux compétitions grâce à ses bonnes performances et à son classement, mais il n’a pas de sponsors, ni de revenus associés à ses compétitions. Étudiant, il n’a pas beaucoup de temps pour lui, il doit concilier ses études, ses entraînements, ses compétitions… Il a participé pour le moment à une vingtaine de voyages à l’étranger. Il met donc sa vie personnelle de côté pour se consacrer à l’escrime et à ses études à plein temps pour peut-être devenir un jour champion olympique…

Un espoir samarien en route pour les JO 2024

Les JO de Paris, en 2024, c’est l’objectif « ultime » de Paul. Mais il est conscient que le chemin est encore long et qu’il y aura avant, beaucoup d’étapes à franchir : « les Jeux, c’est une compète d’un jour, tous les quatre ans. Mon but, c’est d’être champion sur la durée.» Avant cela, il ambitionne d’être dans les dix meilleurs séniors français et d’intégrer l’INSEP (l’Institut National du Sport, de l’Expertise et de la Performance), à Paris, où se retrouvent la plupart des jeunes sportifs de haut niveau.

Pour ses performances, il a terminé 77ème sur 220 aux derniers Mondiaux juniors, début avril à Dubaï. Avec son club de Douai, il a remporté récemment son plus grand titre : champion de France juniors par équipes. Une compétition où il s’est classé 3e en individuel. Paul comptabilise à ce jour une cinquantaine de médailles. On peut lui souhaiter que les plus belles restent à venir.

Smaïl, Nessma, Tess, Abdellah, Israe, Aya, Keivan, Hafssa, Anzo, Edouard, Louis, Ilyas, Kawtar, Rahyanna, Asma, Stéfalia, Abdallah et Zahra, élèves de CM1 de Delphine Domet à l’école Voltaire, à Amiens.

Photos : Delphine Domet. Vincent Delorme Gazette Sports

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