BÉNÉVOLAT – FOOTBALL : Salouël rime toujours avec Lourselle

L’épopée fantastique du RC Salouël-Saleux en Coupe de France est survenue au moment où le président du club depuis… 45 ans, Marc Lourselle, venait de passer la main. Ce qui ne l’empêche pas de rester un bénévole actif.

“Sur un terrain de foot, on ne pense plus aux soucis du quotidien…” Du haut de ses 82 ans, Marc Lourselle a trouvé son équilibre il y a près d’un demi-siècle, en s’investissant bénévolement à la tête du RC Salouël. « À l’époque, il y avait eu de la casse, des frictions au club” raconte-t’il dans son langage qu’on croirait parfois signé Michel Audiard tellement les bons mots sont légion ! On comprend que celui qui tenait une boucherie à Amiens, chaussée St Pierre “face à la boulangerie des parents de Gérald Baticle (NDLR : ancien attaquant de l’Amiens SC et d’Auxerre, aujourd’hui entraîneur d’Angers SCO en Ligue 1) était intervenu pour ramener de l’ordre, voire pour sauver le club…

Le foot dans le sang

Nous sommes au milieu des années 1970. Le football est plus une affaire de famille qu’un business. A fortiori au niveau départemental où évolue Salouël. Et Marc Lourselle a de qui tenir ! “Mon grand-père a créé le club de la Fraternelle d’Ailly-sur-Noye dans les années 1920 puis mon père y a joué. Mon beau-frère a fait aussi une belle carrière, jouant en Division Honneur à l’AS Beauvais dans les années 1970.” Le foot coule donc dans le sang des Lourselle : « c’est une intoxication familiale” résume joliment Marc Lourselle.

On comprend à demi-mots – Madame n’est pas loin – qu’en bon dirigeant bénévole, sa passion lui a évidemment coûté plus d’argent qu’elle ne lui en a rapporté… C’est bien connu : quand on aime, on ne compte pas. Voilà aussi pourquoi il n’est pas question pour lui de ne plus aller au foot le dimanche. “J’ai arrêté mes responsabilités au club cette saison, explique t-il. Mais j’ai besoin de passer mes deux heures tranquille le dimanche après-midi, dans ma bulle. On a pris des gifles bien sûr, mais j’ai bon tempérament” ajoute t-il, comme pour justifier son incroyable longévité.

Marc Lourselle a juste transmis le flambeau à Antonio Dos Santos l’été dernier à la tête du RC Salouël-Saleux. “C’est la 2e saison après la fusion avec Saleux, un club voisin très ancien. Le voir dans la misère me faisait de la peine alors ça s’est fait. On était riches par rapport à eux. La fusion s’est arrangée avec les mairies. Comme ça, il n’y a plus de querelle de clochers !

Les écarts de langage, je n’aime pas ! »

Marc Lourselle, ex-président du RC Salouël-Saleux

Pas dupe, l’inamovible ex-président sait aussi que lui succéder “n’est pas facile, car tout le monde me connaît. On ne m’appelle pas Monsieur Lourselle, mais Marc. En plus, avec la Coupe cette saison, Antonio a eu beaucoup de travail et il a bien géré” estime celui qui est toujours membre du conseil de discipline du District Somme. “Quand il faut sévir, je le fais ! Les écarts de langage, je n’aime pas !” Pourtant, c’est bien pour contestation verbale qu’il avait “pris un carton jaune il y a quelques années, lors d’un match sur le terrain d’Harondel. Mais j’ai beaucoup de copains parmi les arbitres” reconnaît-il, preuve que le foot des champs abolit encore les barrières qui se dressent dans le monde professionnel. 

« Les joueurs doivent apprécier tout ce qui a été fait pour eux » souligne Marc Lourselle après le 8e tour de la Coupe de France joué à la Licorne « dans des infrastructures de champions »

Et c’est donc l’année où Marc Lourselle a pris un peu de recul – juste un peu car “j’ai toujours ma place sur le banc de touche” – que son club a signé son plus beau parcours en Coupe de France ! “On n’était jamais allés plus loin que le 5e tour alors atteindre le 8e tour et être éliminés par une équipe quasi-professionnelle (Wasquehal évolue en N3), qui a des entraînements tous les jours ou presque, c’était la logique, fallait pas rêver… Le match a été de qualité, nos joueurs (battus 0-3 devant 3500 spectateurs) auraient voulu marquer pour sauver l’honneur, mais tout est resté dans un bon état d’esprit. En plus, on a eu des infrastructures de champions, à la Licorne. L’ASC nous a fait un beau cadeau, tous les partenaires ont bien joué le jeu…” Marc Lourselle savoure autant qu’une entrecôte saignante ! “Il y avait des médecins, des kinés à disposition, alors les joueurs doivent apprécier tout ce qui a été fait pour eux.”

Comme toujours en pareil cas, on se demande comment le petit poucet va gérer la décompression après cette aventure qui a pu faire tourner des têtes ? “On a digéré, assure Antoine Mücke, le très jeune entraîneur du RC Salouël-Saleux. On a parlé après le match et aussi mardi soir, à l’entraînement. Même si aller loin en Coupe était un objectif, on va se reconcentrer sur le championnat et sur la montée (en 1ère division de District). On est 5es, avec un match en retard. Il reste onze matchs…à prendre comme des matchs de Coupe, explique le coach. Les joueurs m’ont surpris, ils sont réceptifs. Alors la saison est loin d’être terminée…”

Ce match de Coupe à la Licorne ou aussi le stade de Salouël baptisé à son nom sont « juste une récompense » pour Marc Lourselle

Marc Lourselle acquiesce. “C’est mon adjoint, sourit Antoine Mücke ! On rigole ensemble ! Tout le monde l’appelle Papy mais il s’est mis à la page : c’est lui qui s’occupe de la feuille de match sur tablette. Il est juste un peu tête en l’air” précise l’entraîneur quand on lui demande de citer son principal défaut.

« Vous voulez que je claque sur le terrain ? »

Marc Lourselle en apprenant que le stade allait être baptisé à son nom

“Tête en l’air” mais les pieds toujours sur la pelouse du stade qui porte désormais son nom, à Salouël, fait rarissime pour quelqu’un de vivant : “Quand la chose est arrivée, il y a quatre-cinq ans, je leur ai dit : vous voulez que je claque sur le terrain ? Je suis quelqu’un de simple. Ce n’est pas une fierté, juste une récompense. Maintenant, c’est un peu la croix et la bannière pour financer des travaux” lâche Marc Lourselle, en bon bénévole qui demande des sous… pas pour sa pomme mais pour son stade, pour son club.

Vincent Delorme.
Crédit photos : Audrey Louette et Léandre Leber – Gazettesports.fr

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