ARBITRAGE : La compréhension du jeu est l’une des clés pour être un bon arbitre

À l’occasion de notre second numéro sur la thématique de l’arbitrage, nous nous sommes entretenus avec Martin Saleille, manager sportif du rugby club amiénois.

Actuellement, le Rugby Club Amiénois compte 3 arbitres, deux femmes et un homme. Un quatrième arbitre va rejoindre le club car une des femmes qui est arbitre est en enceinte. Les femmes se sont donc fait une belle place dans le paysage arbitrale au club : « des jeunes femmes qu’on a eues, ont arbitré des matchs de réserve, par exemple de niveau régionale promotion honneur et je trouve qu’il y a du respect. Les gens sont là pour accompagner le jeu, donc il n’y a pas de problème là-dessus. » Dans ce sport, il y a réellement une mentalité différente car les joueurs ne font pas de différence de genres, « les joueurs, d’une manière générale, homme ou femme, quand ils se comportent mal, c’est parce qu’ils estiment que l’arbitre a fait une faute. »

Le système d’arbitrage au rugby

Dans le rugby il y a tout un système qui a été instauré pour les arbitres « il y a des classements avec des notes. Ensuite avec ces notes, ils atteignent un certain niveau, par exemple le celui territorial niveau jeune et adulte. Puis après, ils peuvent accéder au niveau fédéral 3, fédéral 2 et enfin tous les niveaux fédéraux pour aller vers le niveau professionnel. »

Je pense personnellement que plus les gens sont bien formés plus ils sont enthousiastes à l’idée de progresser, plus ils feront de meilleures arbitres.

Pour devenir arbitre, il faut suivre toute une procédure : « Pour pouvoir être arbitre il faut être licencié dans un club, ça c’est la priorité parce qu’il faut avoir une licence FFR et après évidemment il y a une formation. Il faut contacter la DAL (la direction d’arbitrage de la ligue) qui fait partie de la ligue des hauts-de-France. Elle gère la désignation d’arbitre pour un match mais aussi la formation des arbitres. Ensuite, on est convoqué à des formations sur la connaissance du règlement, sur la façon d’arbitrer, sur la connaissance du jeu également. Puis les personnes vont ensuite être en stage, c’est-à-dire qu’ils auront un coach qui va permettre de s’entrainer sur des matchs officiels et les coachs leur font des retours à chaque match sur leur prestation pour qu’ils progressent. Cette formation ne dure pas longtemps, ce sont des stages sur 2-3 jours. Je pense personnellement que plus les gens sont bien formés plus ils sont enthousiastes à l’idée de progresser, plus ils feront de meilleures arbitres. »

Évolution des règles de jeu

Depuis des années les règles du rugby connaissent des modifications plus ou moins importantes. Ce n’est pas forcément l’apparition de nouvelles règles mais plutôt « des précisions sur la règle ou des focus. » Le rugby est très centré sur deux principes. En premier lieu, la sécurité des joueurs : « il y a 2 ans, il y a eu une grosse révolution sur notre niveau, le niveau fédéral, c’est-à-dire qu’on devait plaquer uniquement à la ceinture alors qu’avant on pouvait plaquer jusqu’aux pectoraux. Maintenant, la limite c’est en hauteur au niveau de la ceinture, juste en-dessous du nombril. Et aussi, on avait pu le droit de plaquer à deux simultanément, c’est-à-dire des joueurs qui viennent plaquer à deux en même temps et qui se cognent la tête. Leurs têtes étaient au même endroit et donc ça a donné lieu à des blessures que l’on appelle chemise cravate. Cela peut amener à des commotions cérébrales, des ko tout simplement. » Le deuxième principe, c’est « la continuité du jeu, donc faire que le jeu soit le plus attractif possible et que le ballon s’arrête le moins de temps possible. »

L’arbitrage, un tremplin !

Vouloir être arbitre, peut aussi servir de porte pour par la suite accéder au milieu professionnel, « par exemple, un joueur qui a joué en régionale peut très bien se retrouver à arbitrer la fédérale 1, s’il arrive à progresser, plus tard il pourra même peut-être arbitrer dans le Top 14. En tout cas, oui ça peut être un tremplin pour accéder au haut niveau. »

Enfin, on ne peut pas être arbitre comme ça, il faut acquérir ou avoir certaines qualités, comme par exemple : la compréhension du jeu, « la compréhension de ce qui va se passer. L’anticipation est très importante. » Il faut avoir de l’humilité et de la fermeté. Il faut être accompagnant, c’est-à-dire d’accompagner les joueurs pour que ça se passe bien, pour qu’il y ait de beaucoup de sécurité et une continuité de jeu afin que tout se déroule correctement, « si on devient arbitre pour vouloir diriger, je crois qu’on se trompe, par contre si l’on veut y aller en se disant je vais accompagner, là je crois qu’on devient un bon arbitre. Ce n’est pas parce que j’arbitre que je suis chef. L’arbitre n’est pas plus chef que les joueurs sur le terrain. En fait, les 30 joueurs sur le terrain, plus les coachs et plus les remplaçants, on a besoin de l’arbitre pour vivre. Et ça fonctionne aussi dans l’autre sens, l’arbitre pour être bien il a besoin de nous. C’est-à-dire que ce n’est pas les uns contre les autres mais les uns avec les autres, c’est tous ensemble. »


Dorian Martin-Maisse et Léandre Leber
Crédits Photos : Gazettes Sports

Leave a Comment

Your email address will not be published.

Start typing and press Enter to search