ARBITRAGE – Enzo Figueiredo, l’arbitre à la moustache

On pourrait le confondre avec un Hercule Poirot tenant plus du Hercule que du Poirot, pourtant, Enzo Figueiredo n’a comme point commun avec le fameux détective qu’une saillante moustache. Le jeune arbitre, également coach et compétiteur, a découvert la force athlétique un peu par hasard, mais s’est rapidement retrouvé happé par cette discipline.

À l’occasion des championnats de France universitaires de force athlétique, Enzo Figueiredo avait plusieurs casquettes. Le jeune homme de 23 ans, en dernière année de STAPS à Amiens, était à la fois athlète, arbitre, bénévole et coach, toujours moustachu quel que soit la casquette. Beaucoup de postes et peu de temps. Mais, il a accepté de revenir sur son arrivée dans cette discipline peu connue, ainsi que sur sa décision de devenir arbitre et ses missions en tant que tel.

Un bon niveau qui mène à l’arbitrage

En tant qu’étudiant en STAPS, la participation à une compétition est obligatoire. Dans son cas, cette obligation est tombée sur la force athlétique. Une discipline provenant de l’haltérophilie, mais où les gestes ne sont pas les mêmes. Si dans la discipline mère on trouve l’arraché et l’épaulé-jeté, dans la force athlétique, on a le squat, le développé couché et le soulevé de terre. Déjà sportif, il est assez franc quant à son premier contact avec ce sport : « J’ai remarqué que je n’avais pas un niveau aussi dégueulasse (sic) à ce moment-là, j’ai d’abord été obligé de le faire et, en fait, j’ai kiffé, j’ai super apprécié la discipline, donc je m’y suis investi à 100  %. » Un coup de foudre entre le jeune étudiant et cette pratique, qui a le vent en poupe. Histoire de poursuivre cette histoire d’amour, il s’est logiquement tourné vers un autre aspect, celui de l’arbitrage. « J’ai dû être arbitre FFSU (Fédération française du sport universitaire, ndlr) ici, déjà pour aider et parce que je me suis beaucoup investi en force athlétique. Ça m’a donné l’opportunité d’arbitrer des compétitions un peu supérieures comme ici, avec les France, J’ai eu une accréditation arbitre fédéral, régional. Ça me permet d’avoir la double casquette d’arbitre FFSU et fédéral. »

Enzo Figueiredo lors des championnats en 2024

Déjà présent en 2023 aux championnats de France à Montpellier, il validait ainsi sa qualification fédérale. Désormais très actif à l’échelle régionale, il attend encore l’aval pour évoluer en fédéral au sein des plus grandes compétitions.

Une discipline méconnue, mais qui commence à attirer

Ses débuts en tant qu’arbitre venaient surtout d’une envie d’aider et c’est là que son ascension a commencé. Lorsqu’il découvrait la force athlétique, il ne cache pas que « c’était beaucoup moins à la mode que maintenant, donc pour organiser les compètes et tout, c’était toujours un petit peu compliqué, surtout en termes de personnel, parce que, comme vous le voyez, il y a pas mal de demandes, enfin de besoins surtout. Il y a vraiment des postes un peu partout, ça demande une grosse organisation. C’était vraiment dans le but d’aider au départ. »

Zélie Ako fait également parti des élèves de l’UPJV s’étant tourné vers la force athlétique et l’arbitrage

Malgré son côté atypique, on reste sur un des dérivés de l’haltérophilie, tout comme les courses Hyrox ou encore le CrossFit. On a donc une discipline assez jeune et une accessibilité au haut niveau « assez facile au départ. » Les minima étaient assez faibles et donc les qualifications pour de belles compétitions étaient accessibles. Mais cette situation n’est pas pérenne et inquiète légèrement l’arbitre fédéral : « Je pense que ça a motivé pas mal de gens à en faire. Le problème, c’est que, plus ça avance, plus il y a de monde, et plus il y a de monde, plus les minima augmentent. À voir si ça tient dans le temps. »

Le rôle de l’arbitre

Les missions de l’arbitre sur une compétition de force athlétique sont assez simples  : « C’est faire en sorte que tout le monde soit à égalité, c’est-à-dire que tout le monde respecte les critères du règlement, que ce soit une descente au squat, que ce soit la barre bien maîtrisée au développé couché, suivre les ordres, suivre les règles. Pour que tout le monde puisse pratiquer avec les mêmes conditions. » Hélas, son œil pour les détails n’est pas aussi aiguisé que celui du populaire détective belge, mais il peut compter sur les deux autres arbitres présents, le jury et son intuition. « Il y a tellement de choses à regarder, c’est compliqué de tout regarder, surtout si on arbitre toute la journée, en fin de journée, c’est encore plus dur d’être parfaitement assidu. Moi, dans ces conditions-là, dès que j’ai un doute, je vais plutôt en faveur de l’athlète. » La décision doit être rapide pour fluidifier les différents passages, et il ne se « laisse pas le temps de réfléchir, parce que réfléchir, c’est se créer du doute, justement. » Enzo Figueiredo peut se reposer sur l’ensemble du corps arbitral pour valider ou invalider les barres.

Une saillante bacchante

Sortons un peu du domaine de la force et abordons donc son point commun avec Hercule Poirot. À l’origine, c’était une blague entre l’athlète, ses amis et son manque de testostérone. « À la base, la barbe ne poussait pas.. Je me suis dit, allez, je laisse la moustache, et au final, je suis devenu coach. » Désormais, elle trône fièrement sur son logo de coach et fait partie intégrante de sa vie. Il en rigole d’ailleurs : « Je suis obligé, je la garderai à vie maintenant. (rires) »

Cyprien Baude
Crédit photo : Louis Auvin & Théo Bégler – Gazettesports.fr

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