ATHLÉTISME : Charlotte Mouchet, entre études et sport de haut niveau

Charlotte Mouchet, licenciée à l’Amiens UC et spécialiste du 800m se bat au quotidien entre son sport et ses études. Elle nous raconte la difficulté d’être aujourd’hui sportive de haut niveau en France

Recordwoman de France junior du 800m en salle en 2015, vainqueur des demi-finales des championnat de France de cross court en 2020, 3eme du championnat de France Élite estival en 2020 sur 800m et hivernal en 2021, voici un petit aperçu du palmarès de Charlotte Mouchet, 24 ans, qui fait incontestablement partie des grands espoirs de l’athlétisme. Licenciée à l’Amiens UC, elle est d’ailleurs membre du Club Somme 24 qui regroupe l’excellence sportive du département et qui a pour ambition de promouvoir le sport et les valeurs olympiques en vue de Paris 2024.

Partageant pendant plusieurs années son emploi du temps entre ses études à Bordeaux et les pistes d’athlétisme, Charlotte Mouchet avoue sans détour que « la France à un train de retard sur d’autres pays Européen. » C’est selon elle un manque de culture sportive, associée à un manque de moyen de l’état pour le sport et des fédérations qui fait qu’aujourd’hui « il est très difficile d’être athlète de haut niveau. » Pour vivre de sa passion, Charlotte Mouchet va cet été prendre un chemin un peu différent et participer à des courses en tant que « lièvre », rôle qui consiste à accompagner en course des filles sur des tempo très élevés afin d’améliorer leur performance et atteindre de nouveaux objectifs. Malgré un niveau international qui pourrait laisser envisager sa participation à de grands championnats, le nombre places extrêmement limité (8 couloirs) en athlétisme, fait qu’il est très difficile d’y gagner sa vie. « Ce nouveau rôle va me permettre de gagner ma vie dans l’athlétisme, de courir dans des compétitions auxquelles je n’aurais pas forcément accès. C’est un travail très fastidieux qui m’oblige à m’entrainer comme si je me préparais pour les Jeux Olympiques et autres compétitions internationales. Je n’ai plus ce stress de la performance où il te faut tel ou tel chrono pour participer à telle ou telle compétition »

 La France à un train de retard sur d’autres pays Européen

Car oui, même si tous les athlètes internationaux s’entrainent de la même façon, différents facteurs rentrent en jeu. Un petit quelque chose en plus, une part de chance peut-être, mais aussi et surtout une question de moyens « Quelqu’un qui est champion olympique ne s’entraine pas forcément plus que quelqu’un qui ne l’est pas. Le fond est identique, mais la forme est parfois différente.» avoue Charlotte Mouchet qui a vécu le double projet sport et étude pendant plusieurs années « On se bat entre ses études et son emploi du temps sportif. Par exemple, quand on part en stage et que le seul moyen de continuer à suivre nos cours c’est seulement grâce à nos camarades de classe, notre statue est difficilement reconnue, c’est compliqué. A propos de la vie active, j’ai une amie qui a été vice-championne d’Europe cet hiver, qui prépare les jeux olympiques mais qui est obligé de travailler à côté pour subvenir à ses besoins.»

Un athlète qui a les moyens d’être en stage toute l’année forcément ce n’est pas la même chose que celui qui va devoir travailler ou faire ses études à côté

Avec l’accueil des Jeux à Paris en 2024, Charlotte Mouchet espère que cela changera. Que le sport prenne une part plus importante « dans la société » et que son organisation permette de relancer une nouvelle dynamique sportive, notamment chez les plus jeunes. « Il n’y a plus de respect du sport, de l’athlète et pourtant ce sont des valeurs qui sont très importantes dans la vie. Moi aujourd’hui si j’en suis là c’est grâce au sport, si je suis la personne que je suis c’est aussi grâce au sport ». Soutenue par le département de la Somme dans le cadre du Club Somme 24, elle reste malgré tout très optimiste « J’ai été très surprise et heureuse d’entendre le président Stéphane Haussoulier nous parler, c’est rare d’entendre quelqu’un qui se met à la place d’un athlète et qui essaye de comprendre notre quotidien. » Le département apportera un petit soutien financier à Charlotte Mouchet pour les années Olympiques jusqu’à 2024 et un accompagnement de son projet sportif.


Timothée Hallet et Quentin Ducrocq
Crédits Photos : Charlotte Mouchet au club de Waremme (Belgique)

Leave a Comment

Your email address will not be published.

Start typing and press Enter to search