EDUCATION AUX MEDIAS : Andréa met au tapis son cancer du sein

Rencontre avec Andréa Condolo, jeune professeure de mathématiques et sportive accomplie qui évoque pour Le Mag son parcours de survivante du cancer du sein diagnostiqué dès ses 18 ans.

Andréa Condolo, 28 ans, a grandi en Normandie, avant de rejoindre la Bretagne pour y étudier et finalement s’y installer. Après son baccalauréat, elle se lance dans un double cursus en entrant en école d’infirmière ainsi qu’en faculté de Mathématiques. Andréa, c’est un parcours de grande sportive avec 3 marathons et 6 semi-marathons à son actif, mais également 8 ans de boxe, une pratique de la natation depuis 6 ans et enfin du taekwondo depuis 5 ans. Un parcours de vie mis à mal par un cancer déclaré il y a 10 ans…

Un cancer du sein guéri malgré des récidives

À l’origine, Andréa a une simple hypertrophie mammaire bilatérale, soit une poitrine plus forte que la moyenne. À son âge, rien d’inquiétant. À 18 ans, elle est en fi n de puberté et cette croissance est “naturelle”. Mais, lors d’un rendez-vous pour une réduction mammaire en 2013, à cause d’un mal de dos chronique, des examens révèlent la suspicion d’une tumeur cancéreuse infiltrante agressive, de type oncogénétique*. Un diagnostic confirmé, qui nécessitera un très lourd traitement.

En 2016, elle fait une rechute, puis, la même année, un cancer est également diagnostiqué à son père. Elle qui pensait au départ simplement à réussir son baccalauréat, à se positionner sur le Parcoursup de l’époque et à trouver un logement pour sa rentrée à l’université, n’avait pas pris la mesure de ces nouvelles : « cette annonce s’est noyée dans le reste car pour moi ça n’avait pas d’impact direct dans ma vie, donc ce n’était pas vraiment réel et pas si grave » nous dit-elle. Ce n’est que quatre ans après le diagnostic de son cancer du sein gauche qu’elle en prend pleinement conscience. Les premiers signes de la maladie font qu’elle se sentait « dégradée, diminuée et honteuse. » La perte de goût, la fatigue n’arrangent rien à son bien-être. Puis la perte d’une amie rencontrée lors des séances de chimiothérapie l’amène à prendre conscience, brutalement, du risque lié à cette maladie.
Elle a toujours tout fait pour cacher tout cela à sa famille, pour ne pas inquiéter ses proches. Alors que son père est décédé de son cancer en septembre dernier, elle n’a jamais parlé du sien à sa mère et ne compte pas lui révéler.

À ce jour, Andréa est officiellement guérie mais cela n’a pas été simple entre les nombreuses séances de chimiothérapie, de radiothérapie, les opérations et les séquelles qui sont encore nombreuses. A tout cela s’ajoute en 2017 un diagnostic de la maladie de Crohn**.

Le taekwondo remporte la victoire sur son cancer

Comme déjà évoqué, Andréa a toujours été sportive et le diagnostic de la maladie ne l’a pas arrêtée. Elle a continué de pratiquer, avec une intensité de 3 à 5 entraînements par semaine. Lors de la chimiothérapie, qui a duré un an, elle devait s’arrêter durant les deux dernières semaines du mois de traitement. Son esprit combatif et la pratique du sport lui permettaient de se libérer l’esprit, de se battre à sa manière contre la maladie et surtout de ressentir une réelle fatigue physique qui donnait un sens aux symptômes qu’elle éprouvait. Le sport l’a tout bonnement aidée à être mentalement et physiquement plus en forme.

Elle note en effet une différence entre le fait de pratiquer ou non pendant ses traitements et elle affirme qu’elle se remettait plus vite des séances de chimiothérapie lorsqu’elle pratiquait au moins 2 fois par semaine. Le fait de pratiquer en prévention 24 ou 48 heures avant une séance de chimiothérapie permet de mieux réagir lors des séances et de mieux les supporter.

Le cancer l’a contrainte à adapter la fréquence et l’intensité des séances. Par manque de compréhension de la part de certains coachs sur son état et sur les conséquences de son cancer, elle a en revanche dû arrêter la boxe.

Pour Andréa, le taekwondo est devenu son véritable échappatoire et son défouloir. Un moyen de se sentir vivante, capable avec des conséquences positives sur son bien-être mental. Le sport était devenu pour elle un domaine de sa vie où rien n’était fi ni, ni impossible. Elle se sentait épanouie. Elle confie d’ailleurs avoir, à un moment donné dans son traitement, un rapport maladif au sport car « je voulais prendre ma revanche sur la vie par le sport ».

Elle a appris à se canaliser et à bien gérer l’énergie qu’elle possédait. Le taekwondo l’a aidée à améliorer sa perception de soi et son rapport au corps, car lors d’une lutte contre le cancer tout change : « cela m’a aidé à me réapproprier un nouveau corps après le traitement, un corps que j’allais de nouveau aimer » nous confie-t-elle.

Andréa, le regard tourné vers l’avenir

Si la perspective du futur est plus positive, aujourd’hui Andréa porte un autre regard sur le passé et sur celle qu’elle était quand sa vie a basculé. Si elle avait quelque chose à dire à celle qu’elle était au moment du diagnostic, ce serait : « Fais attention, c’est sérieux ! Ne le cache pas à ta famille par honte. Fais les choses simplement et ne te lance pas dans un double cursus universitaire alors que tu dois déjà te battre contre un cancer. Concentre tes forces sur ta santé qui est plus importante ».

Il y a quelques semaines, la jeune Normande est devenue maman. Un bonheur de la vie qui ne l’empêche pas d’avoir des craintes sur le fait de transmettre le gène du cancer à sa fille, de tomber en récidive, sans parler de la maladie de Crohn. Andréa reste très vigilante sur sa santé et effectue un suivi régulier.

Malgré tous les obstacles qu’elle a pu rencontrer, elle est un exemple de résilience, comme toutes celles et ceux qui combattent chaque jour la maladie. « Ça change une personne. Je regrette de l’avoir eu mais j’accepterais de le revivre car ça m’a permis de grandir. Je ne souhaite à personne de l’avoir car ça te diminue physiquement. Mais après, ça te renforce dans ton caractère et ça fait de toi ce que tu es, une battante. Il ne faut juste jamais se laisser abattre, ni abandonner, car tu te bats pour ta vie ».

*L’oncogénétique est une spécialité qui étudie les prédispositions génétiques au cancer.
**La maladie de Crohn est une maladie chronique qui peut toucher l’ensemble du tube digestif

Rédaction : Servane Adam et Anaëlle Basset

Crédit photos : Andréa Condolo

Cet article a été rédigé par Servane Adam et Anaëlle Basset, étudiantes de Master STAPS EOPS à l’Université de Picardie Jules-Verne, dans le cadre des interventions de Léandre Leber, pour Gazette Sports en Éducation aux Médias et à l’Information.

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